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Les tuniques Bleues 66. Irish Melody

12/12/2022 2886 visiteurs 7.0/10 (1 note)

17 mars 1862 à Alexandria, en Virginie : c’est le jour de la Saint-Patrick. Le sergent Chesterfield est à nouveau à la recherche du caporal Blutch, champion de la désertion. Leur régiment doit embarquer afin de rejoindre de nouvelles positions. Son chemin croisant une course de steeple chase, le cavalier se retrouve en fâcheuse posture, contemplant la panse des chevaux qui lui passent au-dessus de la tête. Les organisateurs de la compétition appartiennent à la brigade irlandaise, réputée pour son sens de la témérité et son jusqu’au-boutisme. Le capitaine Dougherty croit reconnaître en Chesterfield un cousin. Après avoir mis la main sur le fuyant Blutch, Chesterfield se fait inviter à la soirée donnée en l’honneur de la fête nationale de l’Irlande. La rencontre avec le convaincant général Meagher, la dégustation excessive de bière brune, l’énergie des danses et les accents poignants de Fields of Athenry, chanson traditionnelle relatant la grande famine, ont tôt fait d’émouvoir le sous-officier. Dès le lendemain, il s’engage auprès des natifs de la Verte Erin pour combattre le Sud à leurs côtés. Se remettant difficilement d’une cuite carabinée, Blutch lui emboîte le pas.

La saga Les Tuniques bleues est née en 1968 dans Spirou, écrite par Raoul Cauvin (1938-2021) et dessinée par Louis Salvérius (1933-1972). Depuis le cinquième album, Les Déserteurs, c’est Willy Lambil qui tient les pinceaux. Kris (Notre Mère la Guerre, Notre Amérique) est choisi pour succéder au créateur et signe avec Irish Melody sa première contribution aux aventures des deux Yankees. Les soixante-cinq premiers albums ont posé un univers, des personnages, un contexte et un ton, largement respectés par cette ballade irlandaise. L’humour, délibérément accessible, voire potache, accompagne des pérégrinations, s’appuyant, avec une fidélité variable, sur les événements de la Guerre de Sécession, qui ne dura que quatre ans. Mais au-delà de l’attitude débonnaire des héros, c’est toujours leur étrangeté aux hostilités qui ressort, par la détermination de Blutch à ne pas y prendre part, à sauver sa peau, ou par une participation passive et soumise de Chesterfield, qui se contente d’exécuter simplement les ordres, de peur de véritablement comprendre ce qui se passe. En d’autres termes, c’est une dénonciation constante et subtile d’un conflit armé et du traitement réservé aux hommes qui s’y trouvent engagés.

Le récit d’Irish Melody utilise une succession de méprises pour mettre en scène ce que redoutent la plupart des états-majors, à savoir une tentative de pactiser. Le thème n’est pas nouveau mais il mérite d’être constamment interrogé. Les querelles inlassables des deux compagnons râleurs s’estompent au profit d’une réflexion et d’une émotion, d’une mise en perspective de ce qu’est l’individu dans une situation extrême, quand il s’agit de tirer sur un de ses congénères pour une raison qui échappe au moment d’appuyer sur la gâchette. Tant que la fraternisation restera un concept plus qu’une réalité, des séries telles que Les Tuniques bleues auront leur légitimité.

Par F.Houriez
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Les tuniques Bleues
66. Irish Melody

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L'avis des visiteurs

    BudGuy Le 23/04/2023 à 18:42:59

    Après un dernier album scénarisé par Cauvin (T.64) très moyen et une reprise catastrophique (T.65), j'avais arrêté la série et pensais passer à autre chose. C'était sans compter ce nouvel opus qui titillait mon regard en grande surface et qui ne demandait qu'à être lu. Après lecture, je suis soulagé de dire que la barre a été (heureusement) relevée.

    Bon soyons clair, ce n'est pas un chef d'œuvre et il ne s'y passe pas grand chose au final. Néanmoins, le scénario écrit par Kris ajoute un côté plus brut de décoffrage dans le sens où nous revenons à la réalité meurtrière de la guerre.

    Il y a bien entendu de l'humour mais moins qu'à l'accoutumée. J'ai aussi noté la qualité de certains dialogues bien amenés et piquant par moment. L'histoire globale m'a rappelé l'excellent album 'les cousins d'en face' par instant, même si cet opus n'en atteint jamais la qualité.

    Au dessin, Lambil est fidèle à lui-même et à 86 ans passés, on peut dire qu'il a du mérite de continuer.

    Un album sympathique, sans prétention, mais largement mieux que le précédent (ce qui n'était pas difficile). J'attends de voir les opus suivants avec de nouveau Kris à la barre.

    Cellophane Le 19/03/2023 à 10:15:25

    En soi, le tome est assez vivant.
    On ne remarquerait quasi pas le changement de scénariste tant Kris s’est parfaitement imprégné de l’esprit de la série.
    Lambil est toujours épatant avec ses dessins ronds et vifs à la fois…
    Cependant, ça manque pas mal d’humour par rapport aux débuts…
    Quelques confrontations entre Blutch et Chesterfield, pour la forme, mais l’ensemble est assez sérieux, on a de la vraie guerre, du mort…
    L’histoire avance, certes, mais plus rude que d’habitude et si c’est agréable de voir qu’on pourra toujours avoir un bon scénariste à la série, ce n’est pas le tome que je prendrai plaisir à relire…

    ClarkBD Le 05/03/2023 à 17:49:40

    Très bon album avec une intrigue émouvante et drôle. J'ai trouvé les graphismes réussis. Au final, j'ai passé un bon moment en compagnie de nos deux zigotos de service. Je n'ai qu'une hâte : de lire le prochain opus !

    Gilles NB Le 28/01/2023 à 14:05:52

    Ouf, on a retrouvé l'esprit et le dessin des Tuniques Bleues. Bon album, il augure plein de bonne chose pour le suite. Kris prend la relève et est à la hauteur de cette BD mythique.
    Seule question: Quid de Lambil qui avait annoncé sa retraite, bien méritée ? Reprend-il du service ? Lui trouver un remplaçant permettrait de repartir pour 60 albums ! ! !
    A quand les Blutch et Chesterfield au Mexique ?

    klorophylle 34 Le 14/12/2022 à 17:49:52

    Un nouvel album des Tuniques Bleues est toujours une véritable joie quand on a tant adoubé cette série mais force est de constater que si l'idée de base semble bonne, il ne se passe ( une nouvelle fois rien ou pas grand chose) il se lit et se refèrme aussi vite que beaucoup des derniers opus, scénario sympa mais traité sans l'humour, trop de temps morts et faibles, vannes désormais trop lues et entendues, le dessin remonte mais sans plus, bref laissons le temps à Kriss de faire ses armes et on verra!

    Benny2309 Le 02/12/2022 à 17:29:12

    Pour être honnête j'y allais un peu à reculons, Les Tuniques bleues c'est la série de mon enfance et comme tout le monde le sait vieillir peut être un naufrage aussi pour les sagas de BD. Alors ce tome n'égale pas les grands classiques des TB mais je le trouve malgré intéressant, le scénario est agréable et l'ensemble se laisse lire avec délectation.

    Morguzzi Le 15/11/2022 à 07:47:26

    Scénario très drôle et sans nul doute le plus touffu depuis Émeutes à New York. De plus, au vu du pitch sur le site éditeur, on pouvait craindre un remake des Cousins d'en face mais ce n'est absolument pas le cas. Les deux albums sont finalement très distincts. Belle originalité, donc.
    On est très loin du scénario catastrophique du tome 65.
    Bravo au nouveau scénariste et merci à Dupuis d'avoir corrigé le tir.
    + Un hommage assez inattendu à Franz via le titre, ce qui est très plaisant pour un fan et de cet auteur et des tuniques bleues comme moi :)

    Erik67 Le 06/10/2022 à 20:32:19

    Alors que Willy Lambil nous avait fait ses adieux, voilà qu'il revient alors qu'il est âgé de 86 ans pour un ultime tome sous la direction du scénario de Kris le breton. Il est vrai que sa ligne graphique nous manquait un peu et qu'il s'agit d'un retour un peu inattendu.

    Le tome 65 n'a pas été à la hauteur des fans de la série alors qu'au contraire, je l'ai beaucoup apprécié. J'étais sans doute plus mesuré en acceptant le changement d'équipe aux commandes.

    J'ai une affection particulière pour cette série que je suis depuis mon enfance. Elle demeure encore aujourd'hui assez intemporelle.

    Pour autant, cet irish melody m'a paru bien fade au niveau du scénario où il ne se passera pas grand chose. On semble également revenir aux premières années de la guerre qui ont été maintes fois exploité dans la série. Bref, j'ai l'impression de faire du surplace.

    La thématique centrale est de nous montrer que des irlandais combattait pour le Sud et d'autres pour le Nord dans une lutte finalement assez fratricide. Cela ne se terminera pas très bien pour une fois mais la bonne humeur de la série fait vite oublier l'horrible tragédie. Ce qui est réellement plaisant à cette lecture, c'est toute l'atmosphère irlandaise qui en ressort.

    Bref, j'ose avouer que ce n'est pas le meilleur de la série bien au contraire. Par contre, les irlandais apprécieront sans doute cette ballade.