Le collectif (Feuillas/Wambre) Le Collectif - Histoire de notre éco-hameau

D ans la vie en communauté, le plus dur, c’est de durer. Passés les premiers mois où l’enthousiasme et l’adrénaline permettent d’atténuer les différences, le temps se montre sans pitié. Ego et petits traits irritants, sautes d’humeur et fatigues diverses, les projets les mieux structurés finissent immanquablement par s’effondrer sur eux-mêmes. C’est le propre des utopies selon les dictionnaires. Pourtant, Mich et Julie continuent d'y croire et, malgré de nombreuses déconvenues, acceptent de recommencer l’expérience avec une nouvelle brochette de volontaires. Ces «anciens» accueillent les néophytes à La Borie, un hameau perdu dans le Sud de la France. Pas vraiment une ruine, car beaucoup de travail a déjà été fait pour redonner un peu d’éclat à ce village. Cependant, une bonne dose d’huile de coude sera nécessaire afin de le transformer dans le paradis rêvé par toutes et tous.

Samuel Wambre et Julie Feuillas, parties prenantes de cette aventure humaine, mettent tout sur la table pour raconter Le Collectif – histoire de notre éco-hameau. Explications générales, anecdotes, moments de doute, voire de crise et, heureusement, énormément de bonheur et de fous rires, l’album fait le tour de la question de manière franche et honnête (cf. les «droits de réponse» des participants en fin d’ouvrage). La présentation est aussi complète et détaillée que le constat final s'avère net, brut et sans concession : la coexistence égalitaire est une chose impossible à atteindre, même en essayant très fort. Ce n’est pas un échec pour autant. En effet, dix ans après, la majorité des habitants initiaux vivent toujours à La Borie, à peu près en harmonie et avec une volonté de partage ayant, certes, évolué, mais bien présente.

BD-témoignage très comparable à La Communauté d’Hervé Tanquerelle, Le Collectif souffre malheureusement d’une réalisation graphique décevante sur le plan esthétique. Compositions s’appuyant constamment sur des références photographiques trop visibles et un trait sans grâce faisant ressembler les visages des protagonistes à de mauvaises caricatures de rue donnent un sentiment artificiel à l’ensemble des pages. La mise en couleurs manque également de naturel et finit par rendre la lecture fastidieuse. La situation est d’autant plus regrettable que le fond du propos et l’assemblage de ces portraits à la psychologie fouillée démontrent de l’attachement et des soins apportés par les auteurs à leur sujet.

Imposant, précis, mais peu engageant et passablement flottant dans son développement narratif, Le Collectif – histoire de notre éco-hameau intéressera certainement les curieux et le militants motivés pour une société alternative, mais pas plus loin.