L
indy Hathaway cumule difficilement le rôle de jeune maman solo et la condition de doctorante fauchée, peinant à conclure sa thèse sur Shakespeare. Depuis quelque temps, ses nuits sont de plus en plus agitées. Elle revit systématiquement le même rêve où elle déambule sans fin dans une maison labyrinthique. Mais cette fois, les choses ne se déroulent pas comme prévu. Elle intercepte un mystérieux, très embarrassé d'avoir été découvert. Ce dernier se met à paniquer et l'impensable se produit. Ruine, puisque tel est son nom, est un cauchemar récemment créé par le Sandman. Il multiplie les erreurs et il craint qu'il ne s'agisse de celle de trop, qui pourrait le condamner définitivement. Il tente le tout pour le tout et le voilà projeté dans le monde réel tandis que sa victime se retrouve malheureusement coincée dans son rêve, dans cette ancienne bâtisse qui abrite une multitude d'avatars du dramaturge anglais qui lui sert de sujet d'études. Et ce n'est que la première conséquence de cette escapade qui risque de provoquer des catastrophes en cascade.
Cette nouvelle histoire se déroule dans la continuité de The Dreaming, mais à part l'intervention anecdotique du personnage de Dora, ce tome peut se lire de manière tout à fait indépendante. Le scénario est cette fois signé G Willow Wilson, créatrice de la dernière incarnation de Miss Marvel: Kamala Khan, et illustré par Nick Roblès (secondé par sur deux chapitres par Javier Rodriguez). Waking Hours s'inscrit harmonieusement dans l'univers imaginé par Neil Gaiman. L'intrigue, plus linéaire que celle de Simon Spurrier, se révèle également plus maitrisée et se lit avec plaisir. Pourtant, le même constat s'impose. Aussi respectueux que soit l'ensemble, il lui manque la patte si particulière du créateur originel du monde des Infinis.
Ironiquement, le nœud de l'intrigue repose sur la création imparfaite d'une entité onirique par la nouvelle incarnation de Morphée, le jeune Daniel. Celui-ci espérait signer son chef d'œuvre, mais il ne fait que se heurter à ses propres limites. Un ressort narratif similaire animait The Dreaming, illustrant la difficulté pour la nouvelle génération d'être à la hauteur de son glorieux prédécesseur. Est-ce un acte d'humilité de la part des équipes créatives, qui reconnaissent être incapables d'égaler le maître anglais, malgré leurs efforts ? Toujours est-il que ce nouveau titre se révèle plus anecdotique qu'autre chose, malgré le plaisir coupable de retrouver les paysages de Féérie, du Songe ou de la Fin des Mondes.
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