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inseltown, l’usine à rêves, la Mecque du cinéma : Hollywood. Ville mythique des grands studios, des stars et des producteurs à gros cigares, c’est là que la magie naît. C’est aussi là que les rêves se fracassent face à la réalité du show-business. Et ça fait plus de cent ans que ça dure.
Féru du Septième Art nourrit par le légendaire Cinéma de minuit de Patrick Biron, Zidrou rend hommage à l’âge d’or du cinéma dans Hollywoodland. Révérence, amour et respect, mais aussi réalisme et démystification, car l’écran noir cache de nombreux drames inavouables. Vrai-faux récit chorale, l’album se décline sous la forme d’une série de petites histoires où se croisent une brochette de personnages classiques : la midinette débarquant des étoiles pleins les yeux (elle déchantera rapidement), l’ancien touche-à-tout qui s’est recyclé dans la vente de hot-dogs après avoir fait tous les métiers du monde, le scénariste accablé et quelques autres acteurs de l’ombre. Racontars amusants, tragédie annoncée et jeu de références, l’ouvrage tente de former une peinture du lieu et de l’époque, sans jamais vraiment trouver son ton ou son identité malheureusement. Les intentions sont bonnes, cependant l’ensemble ne dépasse jamais l’anecdotique, l’attendu ou le déjà vu ou lu. Dommage.
Autre habitué des salles obscures, Éric Maltaite a affûté ses crayons et illustre ces pérégrinations californiennes d’une manière lâchée et fluide. Précis quand il s’agit des décors (les bagnoles des fifties !), attentif pour dépeindre les protagonistes et solide dans sa mise en scène, il offre une copie convaincante. Les connaisseurs de la maison Fluide reconnaîtront certainement ici et là quelques sympathiques emprunts stylistiques à Carlos Giménez.
Humour doux-amer ? Nostalgie ? Relecture critique ? Hollywoodland nage entre deux eaux. Reste un joli exercice de style finement réalisé et raconté.
Cette BD se présente comme une critique amusée de l'âge d'or hollywoodien. Il faut savoir qu'au départ, les lettres Hollywoodland était visible sur la colline de Los Angeles depuis 1933. Cependant, suite à une décision de la municipalité, les 4 dernières lettres ont été enlevé en 1949. C'était d'ailleurs dans un triste état, pour manque d'entretien, de ce panneau mesurant 110 mètres de longueur.
On apprendra qu'au départ, l'enseigne était illuminée par 4000 ampoules qui ont également disparu à cause du coût que la ville a laissé à la Chambre de commerce. Quand on songe, qu'aujourd'hui, cet enseigne publicitaire (la plus grande au monde) est devenu un véritable monument culturel.
Pour en revenir à la BD, elle se compose de petites historiettes pour souligner tout ce qui ne va pas vraiment dans ce rêve hollywoodien. La seconde histoire sur le récit d'une starlette sera d'ailleurs assez marquant. Pourtant, le ton se veut hautement humoristique.
On apprendra également que la grande star de cinéma adulé des midinettes Montgomery Clift était gay et non un homme à femmes comme l’affirmait les magazines. Cela donne lieu à une chute plutôt mémorable mais qui frise un peu l'indécence.
Bref, il y a du bon et du mauvais dans ces petits récits qui s’enchaînent pour nous dire que le rêve américain, ce n'est pas ça. Je les invite à aller dans l'industrie du cinéma en Corée du Nord ou en Syrie s'ils ne sont pas contents. Plus sérieusement, on le savait déjà que tout n'est pas rose Barbie et qu'on peut se brûler les ailes dans la cité des anges.
Bref, une série qui se décline déjà dans un second tome...