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avigation en eaux dangereuses, pollution et monstres marins ou aériens, pirates, marché aux esclaves et les fusillades à gogo ou aventures adolescentes dans des caves sans fond avec le FBI sur les talons ? Pas de doute, Fox Mulder avait bien raison, la vérité est ailleurs (ou pour demain dans le cas présent).
«Mystère vous avez dit mystère ?» Le deuxième acte de Demain permet de préciser les enjeux et commence à répondre à quelques questions. Taquins comme jamais, Léo et Rodolphe continuent de titiller la curiosité du lecteur avec un double récit mêlant SF des années 60 et anticipation contemporaine. Mieux encore, alors que ce mélange des genres aurait pu être ingérable car passablement complexe à suivre, les scénaristes tiennent leur cap grâce à une savante construction narrative. Les indices sont discrètement semés et les vraies-fausses révélations (ou l’inverse, qui sait) tombent régulièrement pour relancer la machine. Résultat, il est difficile de lâcher l’affaire avant la page finale.
Louis Alloing a la délicate tâche d’animer cette histoire passant constamment du milieu du XXe siècle à un inquiétant futur proche. Jeans retroussés, rock’n’roll et voitures américaines versus ruines, violence et architecture moderne, le dessinateur alterne efficacement les univers et les décors. Son trait typé «ligne claire» se montre bien en place et plus dynamique qu’il y paraît. Le découpage tendu et la mise en scène ultra-claire y sont assurément pour beaucoup. En résumé, une réalisation à la fois carrée et légère qui associe agréablement un classicisme bien posé et la nervosité nécessaire pour illustrer ce scénario façon Philip K. Dick ou Cormac McCarthy.
Personnages et situations stéréotypées en diable, une jolie pirouette temporelle afin d’évacuer une modernité trop compliquée pour ces vieux briscards de la BD et une progression dramatique sans faille, Demain est une lecture prenante et bien ficelée, malgré les quelques tics dénudés et habituels de ses auteurs.
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