L
e tandem Monsieur le Chien et un odieux connard est de retour pour un troisième tome de la déclinaison en bande dessinée du Petit théâtre des opérations.
Les lecteurs curieux en apprendront beaucoup sur la Première et surtout sur la Secondes Guerres mondiale avec des personnages hauts en couleurs.
Tout d'abord, le scénariste évoque Léo Major, le Rambo québecois : un héros totalement tombé dans l'oubli mais toujours célébré les 14 avril dans la ville de Zwolle aux Pays-Bas, puisqu'il a libéré la ville à lui seul ! Un homme hors du commun qui revient dans la mémoire collective grâce au style inimitable des auteurs. Ce qui est également le cas pour Charles Nungesser et Le gurkhas Lachimann Gurung. Concernant ce dernier, son histoire est tellement incroyable qu'il a fallu tout le talent de Julien Hervieux pour dénicher des sources fiables et les mettre au service de son dessinateur (qu'il maltraite toujours autant dans les mises en scène des transitions). Il faut aussi mentionner le baron belge Jean de Selys Longchamps, dont une statue trône devant le siège de l'ancien QG de la Gestapo à Bruxelles qu'il a bombardé seul au manche de son avion, en désobéissant à ses supérieurs anglais. Le Petit théâtre des opérations se propose aussi de faire découvrir des équipages comme celui du Jules Verne, un avion de guerre français, ou encore celui du William.D.Porter qui a failli tuer le président Roosevelt !
Le ton comique, souvent ironique et parfois cynique, sied à merveille à cette série d'albums. Arriver à faire rire à partir de faits héroïques dans un contexte grave est un exploit que les auteurs remportent avec classe et aisance. Tour à tour, les bédéphiles souriront ou riront franchement, non sans avoir un petit moment d'effroi ou de tristesse. Depuis le premier opus, chaque chapitre est suivi par une planche d'anecdote servant de transition titrée : "Vous allez tout savoir grâce à l'Odieux connard". Ce procédé permet à toutes et à tous de trouver son propre rythme de lecture et d'éviter la bd documentaire classique, tout en offrant un moment culturel et drôle qui aurait été trop court décliné en un chapitre, à l'instar de l'étron qui fit couler un sous-marin allemand ou bien du cheval de course Iris XVI qui sera fusillé par des soldats de la Wehrmacht pour acte de résistance.
Toujours aussi plaisant dans le ton que précis dans la véracité historique, ces nouveaux portraits feront autant rire qu'apprendre. Le plus dur va être d'attendre le tome suivant
Le baron belge de Selys Longchamps voudrait montrer aux Allemands qu’il n’apprécie pas leur occupation de la Belgique. Contrevenant aux ordres, il décide d’aller mitrailler le siège de la Gestapo à Bruxelles… Avec son Typhoon, un avion d’attaque au sol…
L’USS William D. Porter est un destroyer américain qui s’est particulièrement illustré durant la Seconde Guerre mondiale ! Par le nombre de sous-marins ennemis coulés ? Par le nombre de navires de surface adverses envoyés par le fond ? Heu… Hmmm ! C’est un peu compliqué à expliquer… C’est même plutôt gênant… Tellement gênant que l’administration de la Navy aimerait autant qu’on l’oublie…
Jules Verne, vous connaissez ? Mais non ! Pas l’écrivain ! L’avion de ligne transatlantique ! … Enfin, ça c’était dans sa première vie, avant que les aléas de la guerre n’en fassent le premier avion à… bombarder Berlin au cours de la Seconde Guerre mondiale ! Avant les Anglais ! Si ! Si !
Avez-vous déjà entendu parler des Gurkhas ? Les Gurkhas sont des Népalais engagés par les Britanniques au sein de leurs armées, réputés pour leur courage et leur férocité. Vous devez les imaginer grands et forts. Prenons Lachhiman Gurung… 1,50m à tout casser ! Jetez-le dans la jungle birmane en 1945, laissez-le seul face à 200 Japonais, arrachez-lui un bras et un œil et admirez le résultat !
Vous n’allez pas le croire, mais en 1915, les Allemands qui attaquaient la forteresse russe d’Osowiec durent affronter des zombies !
Pendant la Grande Guerre, plusieurs pilotes vont s’illustrer et devenir des as. Parmi eux, le Français Charles Nungesser. Il commence la guerre, comme hussard en s’emparant d’une Mors, une voiture allemande, alors qu’il est derrière les lignes ennemies. Il va se faire tirer dessus par les Allemands comme par les Français, mais il arrivera à rejoindre sain et sauf un général français à qui il remettra les documents secrets saisis aux quatre Allemands qui se trouvaient dans l’automobile. Ce n’est là que le début d’une série d’aventures du célèbre Hussard de la Mors (Non ! Il n’y a pas de faute d’orthographe !) …
Peut-on prendre une ville de 50.000 habitants à soi tout seul ? Une ville occupée par les troupes allemandes… Non, n’est-ce pas ? Sauf peut-être si on est Québécois et que l’on s’appelle Léo Major…
Critique :
Je me régalais sur YouTube des vidéos de l’Odieux Connard, aka Julien Hervieux, vidéos qui racontaient des faits militaires improbables, difficiles à croire… Sauf qu’en effectuant des recherches, il s’avérait que pour improbables qu’ils fussent, les faits étaient bien réels.
En bon Bruxellois, je connaissais l’histoire du pilote belge de Selys Longchamps. Pris de doutes, je me mis alors à vérifier toutes les autres histoires narrées de façon cocasse, à la manière des films muets des débuts du cinéma… pour me rendre compte que toutes étaient vraies !
Bien sûr, l’auteur narre des faits tragiques avec beaucoup d’humour. (Peut-on rire de tout ?) Monsieur Le Chien, le dessinateur, adopte un style qui convient parfaitement bien à la manière dont Julien Hervieux rapporte les faits.
J’ai adoré ses émissions sur YouTube. Je suis ravi de les retrouver en BD. Alors, même si vous n’aimez pas l’histoire, je pense que vous apprécierez celles-ci.