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our tout monarque, l’absence d’héritier est une plaie mettant en péril l’avenir de son royaume. Après plusieurs déceptions, Henri VIII accueille donc fébrilement la naissance d’un enfant en bonne santé, le 18 février 1516, et peu importe qu’il s’agisse d’une fille ! Sujette des plans de succession échafaudés par son père qui la gâte, Marie est éduquée par sa mère, Catherine d’Aragon, et se montre aussi appliquée que pieuse. Hélas, rien ne saurait lui donner le sexe tant espéré par le roi. En mal de descendant mâle, ce dernier répudie son épouse pour épouser sa maîtresse et éloigne la princesse. Mais cette décision va bouleverser durablement le pays et amener l’adolescente recluse à s’ériger contre son géniteur.
Dans la collection Les reines de sang, voici maintenant Marie Tudor (1516-1558), première souveraine d’Angleterre à régner en son nom propre et dont le surnom « Bloody » résume assez funestement sa réputation Outre-Manche. Le destin de cette femme controversée est raconté par Éric Corbeyran et mis en image par Claudio Montalbano, que Jean-Paul Fernandez seconde aux couleurs.
Loin de toute romantisation du sujet, le scénariste chevronné s’en tient aux faits connus concernant le personnage principal dont il retrace les jeunes années – de sa venue au monde à celle de son demi-frère en 1537 -, dans ce premier volume. Il dépeint également de manière convaincante le contexte général de l’époque, l’obsession d’Henri VIII d’avoir (enfin) un fils et les conséquences de la répudiation de Catherine d’Aragon au niveau politique et religieux. Il montre également comment Marie est passée du statut de princesse choyée à celui d’enfant encombrante et exilée au Pays de Galles (où elle représentait néanmoins le pouvoir royal), avant de perdre sa légitimité quand son père s’est marié avec Anne Boleyn. Bien retranscrite, cette vie parsemée de disgrâces et en proie aux remous nés des choix paternels laisse entrevoir un être intelligent à la psychologie sinon rigide, du moins farouche. L’évocation des soucis de santé – tant physiques (par des menstruations douloureuses et irrégulières) que mentaux (avec une tendance dépressive) - de la future monarque annoncent déjà que ceux-ci auront une importance plus tard.
La partition graphique permet de plonger dans l’ambiance de la cour anglaise au XVIe siècle. Un soin particulier est apporté tant aux costumes qu’aux décors. Les vues du palais de Placentia à Londres, du château de Ludlow et des vertes collines galloises sont plutôt réussies. Globalement, le trait réaliste de Claudio Montalbano s’avère assez expressif, mais manque parfois de naturel et certains angles de vue paraissent moins réussis.
Ce premier volet du diptyque Marie Tudor, la reine sanglante constitue une bande dessinée historique honorable, et répond parfaitement aux attentes de la collection.
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