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etranché dans le fief d’Hippolyte, le Gardien s’organise afin de récupérer son donjon. À ce qu’il paraît De la Court aurait une armée de morts-vivants à sa disposition, il lui faut donc des guerriers aguerris et des troupes en nombre. Herbert ne dit pas non, mais d’abord, il doit accompagner Isis sur ses terres. Sa bien-aimée est sur le point d’accoucher et elle souhaiterait suivre la tradition kochaque pour l’heureux événement. Le futur père n’est pas contre, même s’il questionne certaines coutumes extrêmes du peuple de sa dulcinée. Enfin, ils verront bien quand le petiot se sera là.
Après En sa mémoire, un truculent tome énergique ayant permis de réintroduire l’époque Zénith auprès des lecteurs, Joann Sfar et Lewis Trondheim passent à la vitesse supérieure avec Larmes et brouillard. En effet, si l’humour est toujours bien présent, le scénario fait surtout la part belle au drame et aux émotions intenses. Une naissance, le respect de ses origines, le choc entre les générations, des choix déchirants, l’album regorge de moments forts. Saga Donjon oblige, le récit se faufile habilement dans le corpus général (les plans du Gardien, les tracas domestiques de Marvin) et intègre astucieusement plusieurs éléments nouveaux apparus dans Quelque par ailleurs, le dernier Monster en date. En résumé, ça bouge beaucoup, ça rigole évidemment, mais ça pleure aussi : des larmes d’amour, de joie, de chagrin et de colère.
Fidèle à lui-même, Boulet illustre ces pages avec générosité et un plaisir plus que visible. Sa mise en page est variée, souvent audacieuse et parfaitement maîtrisée. Outre des bagarres toujours autant explosives, il est intéressant d’observer la manière dont le dessinateur anime chaque race ou caste. La steppe kochaque s’étale sur des cases tout en largeur; à Cochon-Ville, les planches ressemblent quasiment à des pentacles et dans les salles des divers châteaux, tout le monde se retrouve épaule contre épaule. Résultat, la lecture se montre dynamique, accrocheuse et malgré tout toujours très lisible.
Excellent cru mélangeant allégrement les genres sans jamais tomber dans l’excès de pathos ou la caricature, Larmes et brouillard fait preuve d’une efficacité impressionnante et permet de poser des jalons importants pour la suite des évènements crépusculaires. Joli travail, messieurs.
Il y a beaucoup de narration inutile dans ce tome, ce qui est curieux parce que les précédents ne faisaient pas cette erreur.
J'ai nettement préféré ce Zénith, que j'ai trouvé assez drôle, au précédent. C'est en fait une attaque en règle contre les traditions que Trondheim et Sfar lancent ici, mais si on s'attarde seulement à celles de l'univers Donjon, on peut bien rire.
Les différences d'opinion entre Isis, Herbert et Marvin sont bien présentées, et Herbert ressort vraiment du lot comme étant le plus rationnel des trois. C'est une fable intéressante sur l'importance qu'on accorde à certaines règles qu'on l'on suit mais qui peuvent mettre la vie d'autrui en danger. Sur ce, j'ai beaucoup de peine pour le petit bébé de nos deux héros dans ce tome.
Sinon, Hyacinthe a toujours un rôle restreint, et on se demande vraiment comment va se conclure cette histoire avec De la Cour. On fait d'ailleurs un lien direct avec Donjon Monsters 16, "Quelque part ailleurs", que je n'avais pas du tout aimé. Heureusement, j'ai bien aimé cet album-ci en fin de compte.
À noter que la page 25 contient des petits "trous", que j'ai trouvés dans chaque album que j'ai vérifié dans différentes librairies, et que la page 41 est un peu tachée de noir à cause de l'encre de la page 40!
Une couverture superbe et un album au diapason.
D'abord Boulet. Roi de la couleur et des émotions, il emporte avec lui les planches en les dynamitant. Et on en redemande de ces cases qui n'existent plus pour offrir toute la palette de l'artiste, en couleurs et en ambiance. Le vent glacial, la chaleur des yourtes, les intérieurs cossus des châteaux. Et la steppe désertique et froide. Les décors superbes rendent épiques l'histoire qui oscille entre l'intime et le grandiose. Le Zenith, période Boulet, est une grande période.
Et puis il y a le scénario. Sans omettre l'humour ( Marvin est le clown de service dans cet opus et il est hilarant), l'histoire démarre dans une chamaillerie de couple entre un Herbert toujours aussi combinard et une Isis toujours traditionnelle. Mais ce qui aurait du être qu'une pantalonnade et une course poursuite à la charlot s'aggrave dans une fin shakespearienne ou le parricide et l'assassinat par la tradition empoignent le lecteur d'émotion intense et noire.
Boulet, là encore, sait y faire: Herbert et Isis en boule dans la prison est une pleine page sublime assourdissante d'anéantissement. Et l'histoire qui n'a cessé de courir de rebondissement en rebondissement, prendra le temps, en silence et douceur, sur les 3 dernières planches pour la réconciliation du couple.
Et si on apprécie que le 16ème Monsters "Quelque part ailleurs" apparaisse ici pour une meilleure compréhension de son histoire, je suis longuement resté pensif sur cet enfant qui fut. "Donjon Crépuscule" aurait été bien différend si un canard à la Gandhi aurait vécu durant cette période totalitaire.
Trondheim et Sfar aime à brouiller les pistes. dans cet opus, ils ont carrément réussi leurs coups. J'ai refais le match de 9 albums.
Album vraiment bizarre. Qualité du dessin complètement inégale mais surtout un scénario vraiment bâclé et un rythme narratif vraiment pas bon. On dirait qu'ils ont pris les personnages et l'univers de donjon et qu'ils ont pondu un truc pas très inspiré en une après midi, s'en sont contentés et que Boulet du coup a super galéré à illustrer cette histoire pas du tout aboutie. On sent sa peine à illustrer un scénario aussi faible.
Le bebe dévoré qui renonce à vivre en fait c'est l'album lui même, jeté dans la fosse par ses createurs. Oooops. C'est raté
Nettement moins emballé que minot par cet album, que j'ai trouvé juste convenable...
J'espère que le prochain, relancera la machine dans le bon sens.
Toujours dessiné avec autant de virtuosité par Boulet, ce neuvième "Donjon Zénith" fait la part belle à l'émotion, en plus d'assurer comme toujours quelques bonnes tranches de rigolade. De nombreuses scènes se montrent hyper poignantes et cet album est certainement l'un des plus émouvants de la saga, toutes sous-séries confondues. Sacrifice de nourrisson, enfants rejetés par leur père, kidnapping de nouveau-né, disputes et séparation de couple ... il y a de quoi avoir la gorge nouée et la larme à l’œil à de nombreuses reprises, mais heureusement l'équilibre entre émotion, gags et action épique est quasi-parfait.
Un album énorme, très loin des premiers "Donjon Zénith" (que cette époque insouciante semble loin !) qui, cerise sur le gâteau, fait superbement avancer l'intrigue générale de la série.