F
igure tutélaire de la guitare, Jimi Hendrix (1942 – 1970) continue de subjuguer et de passionner les fans et les exégètes plus de cinquante après sa mort prématurée. Musicien d’exception au destin tragique, il représente aussi le modèle ultime du rocker brûlant la vie des deux bouts pour quelques riffs de plus. Avant de devenir le dieu de la Stratocaster, il s’agit d’abord d’un gars de Seattle, né dans une famille dysfonctionnelle et ayant passé son enfance dans une espèce de chaos ballotté entre services sociaux et parents absents ou presque. Sans trop de repères pour se construire, il va heureusement trouver dans le rock’n’roll un exutoire afin de s’exprimer, mais que la route sera longue et accidentée !
Jean-Michel Dupont offre à ce feu follet un biopic ultra-documenté au design léché et pensé jusqu’à la teinture violet de sa tranche et son format «pochette de 33 tours». Ce premier volume s’intéresse à la vie d’Hendrix d’avant la gloire. D’abord, sa jeunesse difficile, seulement illuminée par quelques épisodes auprès de sa grand-mère cherokee ou en compagnie de son petit frère, puis la découverte de la musique et de la guitare. S’ensuit une dizaine d’années de vache maigre où il accompagne des groupes dans des tournées plus ou moins glorieuses à travers les USA. Gros bosseur, il apprend énormément au fil des rencontres et, petit-à-petit, devient un interprète recherché par les producteurs. Malgré une nonchalance et une tendance à l’individualisme, il se fait un nom et est remarqué par les Little Richards, Isley Brothers et autres stars du moment. Années soixante oblige, il embrasse également la contre-culture et ses innombrables tentations. Arrivé à la page quatre-vingt-deux, il s’envole vers Londres ; la consécration et le succès ne sont plus loin.
Pour la mise en image, Mezzo a laissé généreusement couler l’encre de Chine et a composé un festival visuel à haute intensité. Pas une seule case laisse indifférent, tant elles retranscrivent avec puissance cette Amérique si sûre d’elle. Oui, l’époque est dure pour les Noirs (moins dans l’État de Washington que dans le Sud) et l’argent se fait rare à la fin du mois, mais comme l’a chanté Dylan, les temps changent. Entre expressionnisme glaçant et tendresse (oui, oui, regardez bien les regards et la façon dont Jimi enlace son petit frère pour le protéger), le dessinateur arrime la narration à une réalité plus que tangible. Résultat, ce qui semblait aride ou âpre au premier regard, devient naturel et engageant au fil des pages.
Excellente biographie pleine d'érudition, Kiss The Sky est un véritable hommage total. Origine, cheminement, qualités, défauts, tout est mis sur la table et forme un portrait convaincant d’un des géants musicaux du XXe siècle. Vivement la deuxième face… non, tome.
Cette BD est une drogue dure... que l'on ne peut lâcher, avant de l'avoir lue jusqu'au bout.
Heureusement, elle ne m'a laissée que peu de séquelles, si ce n'est un goût de reviens-y et sans compter la fatigue, dû à une longue nuit de lecture.
Je n'ai qu'une hâte, lire le deuxième tome ! Je NE PEUX ATTENDRE la suite du récit de Jean-Michel, je VEUX me délecter du trait sublime de Mezzo...
Finalement, je commence à ressentir quelques effets secondez f fpe zefnM........................................................
Une réussite !
Après la bio de Robert Johnson, Mezzo et Dupont s'attaque à celle de Jimi Hendrix.
Format carré original (façon vinyle) et super dessins noir & blanc à la Charles Burns.