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ranz s'était promis d'emmener sa femme au pays basque. En 1965, alors qu'il parcourt avec elle le sud de la France, direction Biarritz, il tient parole en lui faisant découvrir l'auberge dans laquelle son régiment a stationné pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais l'ancien soldat était loin de se douter que ce retour dans le passé raviverait chez Léo autant de souvenirs...
Habituée à naviguer entre littérature jeunesse et bande dessinée, notamment avec Le Loup en slip (scénario de Wilfrid Lupano, chez Dargaud), Mayana Itoïz livre ici son premier album dans le neuvième art, seule aux commandes. Pour l'occasion, l'autrice a choisi de conter une histoire inspirée de sa famille et plus précisément de sa grand-mère, Léocadie. Découpée en courts chapitres, revenant chacun sur une courte période de la vie de son héroïne, de l'occupation à nos jours, l'intrigue se construit par touches, comme un puzzle. S'ils peuvent donner à la lecture une impression décousue au départ, ces petits morceaux d'existence, centrés sur Léo et ses proches, rythment le récit et éclairent au fur et à mesure le passé des personnages, leurs sentiments et l'époque dans laquelle ils évoluent.
La trame tourne évidemment autour de l'héroïne, espiègle voire, par moments, désinvolte, toutefois le propos est plus large et dessine également la peinture de son entourage et d'un village sous l'occupation ; le rationnement, la cohabitation avec les « Boches », l'amour, l'amitié, la résistance aussi... Avec beaucoup de pudeur et de subtilité, l'autrice narre le destin de sa grand-mère et plus largement celui d'une jeunesse qui vit et grandit malgré les événements. Grâce à un trait léger, tout en finesse, une mise en page originale - l'intégration des photos déchirées est originale - et des dialogues bien écrits, l'ensemble se lit autant qu'il se ressent.
Avec Léo en petits morceaux, Mayana Itoïz réussit à livrer un récit à la fois intime et universel. Une histoire touchante qui marque et emporte jusqu'au dénouement.
Il faut d'abord savoir que Léo est une femme contrairement à ce qu'on pourrait penser. En fait, il s'agit d'un diminutif du prénom désuet Léocadie. Elle a vécu une histoire d'amour avec un jeune allemand du côté de Bordeaux durant les années d'Occupation et notamment en 1943 peu avant la reconquête du territoire par les armées alliées.
On apprendra à la fin du premier chapitre la destinée assez cruelle de ce jeune soldat allemand qui ne survivra pas au front russe peu après son départ de la région de Léo. Il y a tout de suite une grande émotion que l'on ressent à travers cette femme qui était sans nouvelles de lui depuis près de 20 ans et qui reçoit par hasard la visite de l'un de ses camarades.
On va être replongé dans le passé assez tumultueux de cette femme qui n'a pas forcément collaboré avec l'ennemi bien au contraire. On sait qu'à la fin de la guerre toutes les femmes ayant couché avec un allemand ont été tondu par une populace en furie, un épisode peu glorieux de l'histoire de notre pays.
La fin est très belle mais il manque cette dimension dramatique situé au début. C'est une histoire triste mais qui a touché certainement de nombreuses grand-mère. Moi, je dis que l'amour n'a pas de frontière même en temps de guerre. Encore faut-il le comprendre et l'accepter.
Au final, un récit assez touchant qui est remarquablement bien construit au niveau graphique avec ses pages intercalaires avec des bouts de photos. Certes, on récupérera Léo en petits morceaux mais elle arrivera à se reconstruire !