L
os Angeles, 1930. Charlie Chaplin a remporté son pari et s’affirme comme une immense vedette. Le monde a toutefois changé. La crise économique sévit, puis en Allemagne, un petit moustachu crée des remous. Charlot souhaite toujours faire rire, mais il veut aussi s’exprimer. Il tourne alors Les temps modernes, puis Le dictateur. Quelques autres films suivront. Le directeur du FBI, John Edgar Hoover a cependant une dent contre ce Juif trop bavard aux accointances communistes. Au début des années 1950, il bannit des États-Unis celui qui fut l’un des premiers à donner ses lettres de noblesse au neuvième art.
Le récit de Laurent Seksik se révèle plaisant et rythmé. Plutôt que de chercher à tout raconter, il s’en tient à une poignée de moments significatifs qu’il déploie sur plusieurs pages. Le ton est statique et les dialogues abondent, sans que ce soit dérangeant. Il n’y a pas de révélations surprenantes ou croustillantes dans ce projet. Quiconque connaît un peu l’artiste est au fait de ses amours, a apprécié sa filmographie et a entendu parler de ses démêlées avec les autorités américaines. En fait, le propos est ailleurs. Dans cette biographie l’auteur présente le cinéaste comme un fin observateur de son époque, même si les mangeurs de maïs soufflé ont surtout retenu ses pitreries.
Le travail de David François est séduisant. Son trait, tout en arabesques, apporte beaucoup de vie aux illustrations. Son dessin charbonneux permet en outre de réaliser d’agréables effets d’ombre. La transposition en cases de certains films est réussie, particulièrement celle des Temps modernes. La colorisation repose essentiellement sur des teintes pastel mises en valeur par un papier mat.
Chaplin contre John Edgar Hoover conclut de belle façon la trilogie amorcée il y a quelques années. Alors que le premier tome rappelait l’ascension et le second la gloire, l’ultime opus dépeint la chute… Ironiquement, c'est la période pendant laquelle le réalisateur a produit ses œuvres les plus marquantes.
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