L
es chats redeviennent une source d'inspiration pour une nouvelle génération de mangakas. Ce premier tome de Moi Tshushima en est la preuve.
M.Tsu, de son vrai nom Tsushima, est un félidé sauvage au caractère bien trempé. Son destin bascule le jour où une vieille femme arrive à le recueillir. Taciturne et glouton, le matou va découvrir une nouvelle vie auprès de "Papy" (le surnom que les félins ont attribué à la femme) et de ses nombreux autres pensionnaires : Zun, Châ et Osamu.
Les dessinateurs japonais ont souvent usé de ces animaux dans leurs récits. Souvent cantonnés à des rôles secondaires, tel Mii chez Leiji Matsumoto, ils ont rarement eu la vedette. Il aura fallu attendre la parution du génial What's Michael de Makato Kobayashi pour cela. Un faible part du neko-manga est publié dans les espaces francophones en raison de leur similitude et d'un risque de saturation du marché. Néanmoins, quelques pépites se trouvent dans ce registre et le Lézard Noir en a déniché une.
En effet, cette série a commencé en 2017 sur le Net, lorsqu'un frère et une sœur en ont publié quelques cases sur les réseaux sociaux, à l'abri du pseudonyme collectif Opu No Kyodai . Les vues se sont enchaînées à grande vitesse et les publications sont devenues très attendues par de nombreux followers, tant et si bien que les éditions Shogakugan ont sollicité les auteurs pour une publication papier. Toutefois, il serait injuste de ne voir là qu'un "coup", qu'une récupération d'un succès du web, car ce manga possède de grandes qualités. Preuve s'il en est : cette bande dessinée a été adaptée pour le petit écran nippon en 2021 par le studio Space Neko Company. Son humour oscillant entre sarcasmes de chats et gag-manga fait mouche à chaque fois. Les personnages deviennent rapidement attachants, puisqu'ils sont plausibles dans le sens où les humains sont manifestement gagas de leurs protégés qui en profitent largement. Bien que comique, ce manga oscille également avec le genre tranche de vie, ce qui donne un ton particulier à ce titre, le rapprochant de celui de Kobayashi.
Le dessin peut paraitre parfois austère, en particulier pour les hommes. La vieille "Papy" est représentée sous un forme humanoïde assez vague et de couleur bleue. Car oui, cet album est tout en couleur ! Ce qui le rend d'autant plus appréciable. Le design des chats, à l'inverse, est plus précis. L'effet de contraste, voulu par les auteurs, déconcerte les lecteurs au départ, pour mieux les faire entrer dans cet univers. À l'instar de nombreux titres ayant commencé sur les réseaux sociaux dans le registre humoristique, la précision du trait n'est pas l'objectif premier.
La maison d'édition poitevine, spécialisée dans l'underground et le manga de qualité, ne s'est pas trompée en offrant cette série au public francophone. Ce manga est à la fois plein d'humour et témoigne de l'amour réciproque entre ces matous et leurs humains. Les amoureux des chats ont trouvé leur nouveau titre-phare !
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