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ls sont jeunes et vivent à l’écart de la société dans le désoeuvrement le plus total. Habitant dans un lieu coupé du reste du monde, leurs parents ont peu de temps à leur consacrer. Pour meubler leurs longues journées l’un d’entre eux s’invente une nouvelle vie. Sur internet, il a pu se procurer la panoplie complète du parfait nazi, arme à feu comprise. C’est le début d’une descente aux enfers pour ces adolescents vivant à Heaven’s Estate, un quartier résidentiel pour personnes fortunées et protégées par une milice privé.
Pierre Christin renoue avec la critique sociale. L’auteur des excellents Partie de Chasse, Les Phalanges de l’Ordre Noir ou encore de certains scénarios de Valérian s’attaque une nouvelle fois aux maux de la société actuelle. Il a choisi un sujet d’actualité très en vogue aux Etats-Unis : celui des quartiers résidentiels, ces fameuses « gated city » où les habitants financent des milices privées pour se protéger. Ce tristement célèbre sentiment d’insécurité conduit tout droit à un repli sur soi, réflexe de survie aussi nombriliste qu'inefficace. Les heures les plus sombres de l’histoire du vingtième siècle nous rappellent que de telles situations ont déjà existées, des temps où l’on parquait les gens pour leur religion ou la couleur de leur peau. Ici les habitants sont volontaires et c’est peut-être cela le pire.
Le postulat de départ est très intéressant et très attrayant. Comment résister à l’envie de voir comment Christin va développer cette idée de ghetto pour riches. Il y réussit plutôt bien, du moins dans son exposition. Il maîtrise son sujet et Heaven’s Estate ne ressemble en rien à une caricature, on s’y croirait vraiment. Son propos est loin d’être ironique, bien au contraire. Il pousse même le cynisme jusqu’aux noms communs utilisés par les habitants pour nommer certaines catégories professionnelles ou ethniques, Pancho pour les livreurs, M. Singh pour les Sikhs. Le problème vient de l’intrigue qui reste, malheureusement, superficielle voire trop simpliste. Elle met du temps à s’installer, même s'il était certes nécessaire de bien poser les personnages pour mieux imposer une dimension dramatique. Mais on aurait vraiment souhaité un récit plus profond, plus fort. Cette présentation frôle l’ennui, et lorsque survient l’accident tragique, il semble trop prévisible, trop tardif pour exploiter vraiment ses conséquences. L’auteur a voulu montrer l’absurdité de la situation, mais il semble avoir manqué d’ambition.
Le dessinateur d’Exit semble avoir trouvé un style plus fluide que dans la série qui l'associait à B. Werber. Son trait est simple, et très réaliste. Il convient parfaitement au récit en dépeignant une société idéale où de stupides accidents peuvent se produire.
Mourir au Paradis est décevant, sans doute parce que très prometteur et que la barre était ainsi placée très haut, trop peut-être. Difficile d’égaler Le Pouvoir des Innocents qui traite d’une autre facette de ce problème des ghettos aux USA. Seulement outre-atlantique ? Non, la dernière page est une ouverture intéressante sur les problèmes en France, et finalement terriblement prémonitoire.
Je relis cet album 14 ans après l'avoir acheté ; ses défauts ressortent encore plus vivement. Je ne reprendrai pas les éléments déjà cités dans la critique ou les avis déjà émis : une approche effectivement très, trop, simpliste, … mais tout de même diablement efficace.
Une oeuvre à message que l'on peut apprécier pour la dureté de son scénario ou pour ses dessins plutôt réussis.
Mais j'ai quand même eu l'impression de tourner en rond à la lecture de cette BD.
A découvrir tout de même pour se faire son idée.
6/10.
Bon, je sais, cette série n’est pas nouvelle mais au vu de la chronique je ne peut m’empêcher de réagir, pour déclarer ma rage sur « certains chroniqueurs » : je sais, les goûts et les couleurs…Mais ici : pas photo !!!! Celui qui trouve « çà » bon, ben je crois rallier 90% si pas 99% des « bédéïstes » à ma cause : NUL de CHEZ NUL !!
Sous le prétexte que Christin a fait des scénariis d’enfer pour Bilal (et d’autres aussi..) le chroniqueur commence sa critique en lui passant une pommade de 1ère qualité pour quand même, à mots susurrés, « lui dire » que, ben, bon, c’est quand même pas tout à fait çà…Christin à fait mieux…Mais de qui se moque t –on ?? J’apprécie Mounier, mais là, je pense que son scénariste était bourré ou shooté…Pfffft !!! Une caricature de caricature carituraticale et encore, je reste un minimum calme ! Il faut oser dire ce qu’il y a à dire : ce one shot (Aaaarglhhh ! Encore une chance !) est d’un nullissime affligeant : Les américains, CERTAINS américains ( !!!!), sont des idiots et parfois débiles profonds, mais ici, dans ce scénarios…Christin aurait-il eu des déboires avec les USA ??? Allez, stop, même d’occasion, svp, n’ACHETER PAS CETTE BD !!! Perso, j’ai la chance d’avoir un libraire extra…et j’ai pu la lui rendre…. Ouf, un peu de poids en moins dans ma bibliothèque…
Comme quoi, les « Chroniqueurs » ne sont pas « la Bible ». Et s’il faut en discuter, ben, no problémo,, qu’on me contacte, dialogues pas tristes garantis !! (Faut-il encore que cet avis soit lu…Peu de chance vu la BD…Mais bon…)
Christin a bati une partie de son succès sur des oeuvres militantes. Pourquoi ne pas continuer en dénonçant les ghettos de riches ? L'idée est bonne en effet. Mounier est de plus un bon dessinateur; le tout devrait donc être parfait.
Eh non !
Dire qu'on s'enquiquine serait très exagéré, dire qu'on est enthousiasmé le serait tout autant. On tourne les pages les unes après les autres en se disant que ce filet d'eau tiède n'est pas si mal mais qu'il serait quand même temps d'aller se coucher.
Dommage, le scénario laissait vraiment entrevoir une bd de qualité, mais lorsqu'on rentre dans l'intrigue en elle-même il reste une dizaine de pages à lire... L'essentiel de l'ouvrage est donc consacré à la description de ce paradis sur terre, lieu clos coupé du monde (ces fameux "gated city") et surprotégé. Mais nous restons dans une bande dessinée et ce n'est qu'un survol rapide qui n'abordera pas les raisons profondes qui ont conduit à la création de cités de ce genre.
De plus le lien entre ce contexte et l'intrigue est trop faible et il n'y a absolument aucune surprise dans le déroulement du scénario. Ce qui arrive dans ce paradis pourrait arriver n'importe où ailleurs... des jeunes désoeuvrés en quête d'idéal.
Au final une lecture qui ne me marquera pas, sinon pour le graphisme qui est plutôt attrayant et réaliste.
Ce "One-Shot" de la collection Long Courrier, pourtant illustré par le trait réaliste très convaincant de Alain Mounier, laisse plutôt place à une impression de "Déjà-Vu" qu'à une sensation de nouveauté. En effet, l'histoire semble prendre son fondement dans le concept inauguré par l'excellent "Lune de Guerre" de Hermann et Van Hamme, mais agrémenté de trop de sauces variées, ce qui diminue plutôt qu'augmenter l'intensité du scénario.
Assez moyen, une lecture pour amateurs des auteurs seulement...
Scénario extrème mais qui peut-être envisageable... Des jeunes sans repères (pas dans le sens usuel du terme (début novembre 2005...)), fortunés à perte de vue, sans grand contact réel avec des parents qui vivent isolé ou en groupe dans leur bulle (sorte de paradis aseptisé pour milliardaires). Une farce déjà de mauvais goût au démarrage tourne au massacre...
Tout fonctionne par description, le dessin est classique et les dialoques basiques. Il en ressort des personnages sans personnalité, ce qui est peut-être recherché, mais néanmoins trop plats pour que le lecteur s'attache ou s'identifie, même si ce n'est pas nécessairement le but.
Bref, je pense que l'idée n'a pas été assez poussée, c'est dommage. Il reste une BD classique, agréable à lire, mais sans plus.