I
ls sont sept, de tous âges et origines sociales. Ils ne se connaissent pas. Tous ont reçu un casse-tête à résoudre : une « app’ »sur un téléphone portable, une grille de mots croisés sans définitions, une "boîte à secret" en marqueterie de la région d'Hakone, un rubik's cube... S'ils en résolvent un, eux seuls remarquent les mystérieux phénomènes qui ne manquent pas de se manifester. Mus par une force irrésistible, ils se retrouvent aux abords d'un étrange édifice : un cube sans porte ni fenêtres qui est apparu au centre d'un parc. Il semble n'exister qu'à leurs yeux. Les promeneurs déambulent sans se soucier une seconde de la présence de cet attroupement à côté d'une structure aussi incongrue. Surgit alors Kyoko, une jeune fille qui paraît savoir de quoi il retourne, mais se garde bien d'apporter la moindre explication.
Morohoshi Daijiro reste un auteur plutôt confidentiel en Europe. Il n'y eut guère que Doki Doki pour publier partiellement Shiori et Shimiko, manga horrifique et déjanté. Au Japon, il est par contre admiré par Hayao Miyazaki, Naoki Urasawa et même Osamu Tezuka. Fort d'une carrière de plus de cinquante ans, il signe avec Box un récit d'horreur en trois tomes qui s'annonce très prometteur. Le scénario avançant au gré de la résolution des énigmes soumises aux personnages, la lecture possède un aspect ludique qui n'est pas désagréable. Au fil des chapitres, les révélations s'enchaînent, faisant progressivement apparaître un monde clos à la fois absurde et terriblement codifié. Le motif récurrent du cube, que ce soit la forme géométrique ou la boîte, apporte une cohérence dans un univers qui échappe à toute logique. Très marquée par l'imaginaire japonais peuplé de Yo-Kais et de créatures obscènes, l'iconographie glisse progressivement vers un style de plus en plus baroque, lorgnant vers l'eru-guro.
Ce premier tome plante le décor avec efficacité. La structure est simple et sans fioritures. Il reste perturbant pour le lecteur occidental de se trouver confronté à un style assez hybride, entre horreur pure et bouffées plus humoristiques, qui paraissent parfois à contre-courant du ton général. Mais le concept est suffisamment intrigant pour que l'atmosphère générale ne soit pas polluée par les petits gags visuels qui parsèment les planches, comme les interventions "méta" de Kyoko. Reste à savoir si la suite trouvera le moyen de continuer de surprendre et maintenir le sentiment de malaise qui domine jusqu'à présent.
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