L
a Bigaille est un bar culturel sans but lucratif sis à Marennes, région Poitou-Charentes. Depuis maintenant dix ans, ce lieu de rencontre accueille des concerts, des expositions et des conférences ouverts à toutes et à tous. Engageante réalisation communautaire, elle est l’exemple parfait de la force du monde associatif et du bénévolat. Thibaut Lambert revient sur cette initiative impulsée à l’origine par une poignée d’amis en quête d’un espace pour se retrouver et faire vibrer leur petit coin de pays.
L’album dresse le portrait, à partir des témoignages des acteurs, de la création et des premières années de ce qui est devenu un point de rendez-vous essentiel dans la région. D’abord, les rêves et les châteaux en Espagne, puis, très rapidement, le retour à la réalité et la jungle des formulaires de demandes de subventions. Malgré les multiples défis et la complexité du monde administratif, le projet prend forme, s’adapte, affronte des difficultés, pour finalement, prendre vie et s’ouvrir à la communauté. L’auteur de Si je reviens un jour fait défiler explications, précisions réglementaires et anecdotes diverses en n'omettant aucun détail. Travailler en commun n’est pas toujours faciles, encore plus quand les moyens sont limités. La mise à niveau de l’ancienne caserne de pompiers «offerte» par la commune a ainsi nécessité d’innombrables week-end de travaux lourds et pénibles pour se transformer en salle de concert à l’acoustique acceptable. L’abnégation et la volonté des pionniers sont justement relevés avec ce qu’il faut de respect. Heureusement, l’histoire finit bien et la relève est là. La Bigaille continue de jouer son indispensable rôle de médiation culturelle.
Sous-titré comme une Histoire d’’une utopie culturelle collective, il est tentant de placer l’ouvrage dans la lignée de Communauté - entretiens d’Hervé Tanquerelle ou L’essai de Nicolas Debon. En effet, le récit reprend, à son niveau et toutes proportions gardées, quasiment la même réflexion et le même cheminement. Comment un groupe d’individus tous différents se rassemble et met en commun leur force afin d’atteindre un but. Certains avaient une vision globale et politique, d’autres, comme c’est le cas présentement, une simple volonté d’enrichir la vie locale et offrir une diversité habituellement réservée aux grandes villes.
Sympathique, vif et globalement bien mené, La Bigaille s’avère être un BD-docu des plus agréables à parcourir malgré une utilisation un peu trop généralisée de métaphores graphiques brisant parfois le rythme de lecture. De plus, la justesse des renseignements purement techniques pourrait même servir à d’éventuels amateurs tentés par une telle aventure.
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