Brouhaha chez Pataquès, le choix de cette collection Delcourt pour un premier album allait de soi. Malgré ce titre suggérant bruit et fracas, Arthur Levrard est en fait plutôt du genre discret. Il est de ceux qui observent tranquillement bien installés dans leur coin. Dessins minimalistes un peu maladroits, piques diverses et variées envers son époque et ses contemporains, plus les inévitables décalages créant le malaise, il ne serait qu’un énième suiveur de l’école Fabcaro© (ce qu’il est évidemment), si ce n’était pour une particularité sautant immédiatement aux yeux. À la place de l’absurde tellement en vogue ces jours-ci, un humour noir teinté de désespoir mène les débats.
Les chutes et la drôlerie sont au rendez-vous, les rires (beaucoup) également. Simplement, ceux-ci sonnent un peu jaunes, voire gênés presque. Est-il permis de se moquer de ces sujets ? Est-ce encore autorisé de railler ainsi sans risquer le pilori socio-médiatique ? Oui, aucune hésitation ! Tout d’abord, l’auteur évite les provocations gratuites et, si stigmatisation il y a, c'est dans l’œil du liseur qu’elle se terre. Ensuite, de l’enfance trop vite passée aux amis, la famille et les relations humaines en général, tout le monde en prend pour son grade. L’approche tout en nuance du scénariste fait le reste. Résultat, il est impossible de ne pas se reconnaître ici ou là au fil des pages. Tel un miroir à peine déformant, l’ouvrage rassure autant qu’il fait frémir, peu importe de quel clan, tribu ou groupe alphabético-chromatique le lecteur se revendique.
Sombre sans être glacial, ironique sans être caustique, pour un début, Brouhaha tape dans le mille et fait facilement oublier ses quelques petits défauts ou hésitations graphiques. Un nouveau venu à retenir. Bienvenue monsieur Levrard.
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