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n 1950, l’Europe se reconstruit une nouvelle fois. La Seconde Guerre mondiale est encore dans tous les esprits, le plus souvent avec pudeur. En France, la loi d’amnistie de 1951 est en préparation, mais le pays n’est pas encore prêt à s’interroger sur les agissements de chacune et chacun pendant cette période. Louise Quélennec, elle, n’a que 16 ans. Cela ne l’empêche pas d’avoir un regard critique sur la société et un avis bien tranché sur l’actualité. La jeune journaliste en herbe (elle publie une gazette avec quelques camarades) émet des doutes sur le caractère désintéressé du plan Marshall, s’inquiète de voir grossir la menace nucléaire et soutient les volontés d’indépendance des peuples colonisés. Sa vocation est toute trouvée ! Baccalauréat en poche (obtenu dans l’un des premiers lycées mixtes) elle est, comme de plus en plus de jeunes femmes, décidée à travailler et consacre son énergie au journalisme et à l’information.
Les deux enfants de Jean et Suzanne (découverts dans le deuxième opus) sont donc la troisième génération que propose de suivre la série Allons z’enfants, dans un tome final couvrant la période 1945 à 1963. À première vue, le conflit mondial est terminé. Mais la jeunesse de l’après-guerre comprend rapidement qu’à une guerre succèdent d’autres, ailleurs sur le globe, avec leurs causes propres et pourtant avec les mêmes conséquences funestes. Ce sont ici les guerres de décolonisation qui sont au cœur du sujet, et en particulier celles d’Indochine et d’Algérie. Comme dans les deux premiers volets, les explications historiques sont rendues plus digestes aux jeunes lecteurs par l’histoire familiale et les anecdotes qui ponctuent le récit. Le message n’en reste pas moins fort et tous les personnages semblent marqués par le mélange amer de la conscience des atrocités de la guerre et l’impuissance face aux nouvelles luttes armées qui fleurissent. Les faits sont abordés avec précision mais le propos demeure accessible grâce à une approche subtile et intelligente. De manière plus discrète, en toile de fond, les auteurs abordent également l’opposition naissante entre deux blocs, à l’ouest et à l’est, qui aboutira à la construction d’un mur divisant pour plusieurs décennies la ville de Berlin.
Louise et Gaspard conclut avec une qualité toujours aussi constante cette série destinée au jeune public et qui offre des clés de compréhension indispensables du monde actuel. Un seul regret : que l’aventure générationnelle des Quélennec ne se poursuive pas jusqu’à nos jours.
Lire la chronique du tome 1.
Lire la chronique du tome 2.
Je commente l'ensemble de la série de trois tomes. Parcourir le XXe siècle à travers quelques personnages d'une famille, dans une approche didactique pour des collégiens/lycéens, est intéressante en soi, mais le dessin n'est pas attirant, et le parti-pris idéologique (gauchisant) dans les choix scénaristiques quelque peu gênant. On a l'impression de lire une version BD des manuels scolaires dans la version officiels estampillée Education nationale, avec tout ce que cela signifie de subtile (et parfois moins subtile) propagande idéologiques. Je n'ai pas accroché.