L
es amateurs connaissent bien les œuvres de Thierry Martin (Mickey et les mille Pat, Dernier souffle, etc.). Derrière ce sympathique auteur multi-genres se cache un homme moderne, père de famille attentionné et respecté dans son immeuble, malgré le bruit de ses éperons sur le plancher. Car oui, en plus d’une carrière artistique riche, il est également un cowboy du genre aventurier solitaire.
Sujet classique mille fois visité en bande dessinée (les dessinateurs travaillent souvent à demeure, ceci expliquant cela), la vie domestique, femme et enfants compris, est une mine de gags et de situations prêtes à être exploitées pour l’artiste en quête d’inspiration. Encore faut-il trouver un angle ou un cadre original afin de se démarquer. De son côté, Martin s’est projeté dans un western pour raconter son petit train-train quotidien. Enfin, projeté n’est peut-être pas le mot exact. Lui pense vraiment être dans l’Ouest, alors que les membres de son clan sont bel et bien en France (sa douce moitié est néanmoins avantageusement et respectueusement représentée sous la forme de Wonder Woman comme il se doit). Tout ce qu’il faut pour la multiplication des décalages et un nombre infini de grands moments de solitude le soir au coin du feu sont donc au rendez-vous.
Autoportrait savoureux, avalanches de drôleries et de tendresse, La famille selon Jerry Alone est autant touchant qu’exutoire. Qui n’a jamais rêvé de pouvoir sortir son colt pour régler ses problèmes ? Conciliation travail/famille, la discipline parfois nécessaires avec ses rejetons, les idées qui se font rares, l’intimité réduite à son minimum, etc. Universels tout en restant très personnels, les propos de Thierry Martin parleront certainement à la majorité. Le tout est raconté avec bonhommie dans un style graphique percutant et une mise en scène jouant astucieusement et efficacement avec les codes de la BD chère à Morris.
Truculent, honnête et immanquablement hilarant, La famille selon Jerry Alone est une jolie surprise remplie de trouvailles, d'esprit et d’amour.
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