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ujourd’hui, en Europe. Même battue sur le terrain, Daesh n’a pas disparu et ceux qui se voyaient en combattants du califat se sont transformés en terroristes. La DGSE le sait bien et veille au grain pour éviter le pire. Qui dit guerre souterraine, dit violence et décisions radicales. Remonter les pistes, mettre à jour des filières et, le cas échéant, éliminer les cibles les plus dangereuses. Pour faire le sale boulot, il y a l’Unité Gamma : la crème des agents, les meilleures informations et un permis de tuer façon 007. Face aux nouvelles menaces, il faut parfois savoir outrepasser les règles établies.
Thriller d’espionnage tendu, Au nom de la France présente en mode ultra-réaliste le rôle de chien de garde de la DGSE dans le monde actuel. Froid et sanglant, le scénario de Jean-Claude Bartoll explique et raconte les manières de faire des barbouzes hexagonaux du XXIe siècle et des pires criminels du moment. Les camps et les enjeux sont clairs, les méthodes expéditives. Misant plus sur l’action et l’urgence d’agir que sur la psychologie, Mission Bosphore devrait cependant réussir à séduire les amateurs du Bureau des Légendes. En effet, même s’il n’évite pas tous les stéréotypes du genre, comme le très «jamesbondesque» Renard, par exemple, Bartoll offre un récit prenant et certainement très bien renseigné, ce qui est la moindre des choses vu le sujet.
Glaçant et réaliste, Gabriel Guzman l’est aussi pour ce qui concerne les dessins. Trait, découpages et mise en scènes léchés jusqu’à l’extrême, les planches détonnent par leur rigueur et leur tenue. Le corollaire est malheureusement un rendu passablement figé et manquant drastiquement de mouvement. Les personnages sont dans la même situation et, malgré l’élégance de leur plastique et de leur habillement, ressemblent beaucoup à des statues de cire aux expressions exagérées. Le résultat se montre lisible et imposant, mais quel manque de vie ou de ressenti.
Moitié documentaire, moitié blockbuster,, Au nom de la France ne cherche pas à rentrer dans le débat de la fin et des moyens, il se limite à montrer avec autorité et un soupçon de manichéisme dramatique, les zones grises nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité nationale.
Port d’Ambarli. Istanbul.
Trois hommes en treillis et masqués, en contact direct avec la DGSE à Paris s’apprêtent à faire sauter un conteneur venu de Chine chargé d’armes pour des hommes de DAESH.
L’explosion du conteneur retentit… Et aussitôt les trois hommes du commando de la DGSE se font asperger par le tir de six kalashnikovs…
Wiesbaden. Allemagne.
Deux combattants de l’Armée syrienne libre s’entretiennent avec le « professeur » venu de France. Ils lui communiquent qu’Abou Franza, dit « le Chimiste » a réussi à se fondre dans la masse des étudiants de l’université de Wiesbaden dans la section « chimie appliquée ». L’homme a supervisé la fabrication de gaz moutarde qui a servi à gazer des civils kurdes en 2013…
Critique :
Cet excellent album s’intéresse de près aux terroristes islamistes et à une cellule spéciale dépendant de la DGSE et de l’Elysée, la cellule GAMMA. Son but : descendre ceux qui figurent sur sa liste d’hommes à abattre…
Le scénario de Jean-Claude Bartoll est magnifiquement construit. Visiblement l’auteur a trouvé de bonnes sources de documentation, son imagination a fait le reste. Le scénario de Gabriel Guzman est au top, parfaitement servi par la mise en couleur de Silvia Fabris. Tout cela nous plonge dans des ambiances aussi différentes que l’Allemagne, Paris, Istanbul ou le Maroc, de jour comme de nuit. Nous suivons en particulier le « Renard », le meilleur des agents pour liquider ceux qui figurent dans la liste des ennemis à abattre… Liste qui ne cesse de s’allonger !
Vivement la suite !
Album correctement réalisé mais assez banal, dans un secteur très occupé et surfant sur la succès du Bureau des Légendes. Avec une intrigue un peu chaotique et un manque de personnages secondaires, le pitch semble un peu trompeur. A réserver aux fana du thème, pour les autres on renverra sur Le Tueur ou les albums de Pierre Christin.