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as de répit pour Black Widow qui, en plus d'en finir avec la pègre locale, doit affronter ses anciennes peurs…
En septembre 2020, Kelly Thompson reprenait en main la destinée de l’une des veuves les plus vénéneuses du monde des comics. Dès lors, la question était de savoir si ces nouvelles aventures faisaient partie du packaging accompagnant la sortie du film de Cate Shortland où s’il était possible que la plus jolie des poupées rousses puisse continuer d’évoluer en solo. Pour l’occasion, la jeune scénariste américaine décide d’explorer de nouvelles voies. Aussi, essaie-t-elle de sortir l’ancienne pensionnaire de la Chambre rouge d’un destin par trop banalisé et de lui donner plus d’épaisseur psychologique en tentant de lui faire concilier vie de famille et obligations professionnelles ! Ainsi, la Veuve Noire doit, tout en semant la désolation dans les rangs de ses ennemis, protéger les siens et assurer le rôle d’amie fidèle, de grande sœur attentionnée, de mère par procuration, d’épouse fictive, d’ex-amante et de chef de clan… de quoi bien remplir une journée !
Dans ce dernier arc en cinq actes, Kelly Thompson délivre un scénario solide qui joue de ses variations. En s’appuyant sur des valeurs (re)connues de l’univers Marvel, elle introduit de nouveaux personnages et structure son panel de méchants dans des parcours croisés qui permettent de maintenir le lecteur toujours en haleine… et à l’intrigue de perdurer. À ce titre, l’issue #13 s’avère symptomatique tant dans la finalité scénaristique du flashback que dans la manière dont Rafael T. Pimentel et Jordie Bellaire le traitent graphiquement.
Concernant ce dernier point, il convient de noter la maitrise dont fait (encore) preuve Elena Casagrande et, dans une moindre mesure, Rafael de la Torre. L’ex-assistante de David Messina sait parfaitement mettre à profit l’enseignement reçu à la Scuola Internazionale di Comics di Roma pour ce qui est de la variation des cadrages et la structuration des planches… ou celui qu’elle dispense à la Scuola Romana dei Fumetti sur l’encrage et l’anatomie féminine. Ainsi, ses Double Pages Splash, devenues sa marque de fabrique, fusionnent dessin, animation et cinéma en une chorégraphie où le mouvement est roi et la lisibilité parfaite.
Œuvre chorale s’il en est, Au fil du Sabre clôt, momentanément, les pérégrinations d’une Black Widow, certes moins spectaculaire, mais encore efficace et, fait nouveau, beaucoup plus attachante. Gageons que Marvel ne saurait se passer de ses services trop longtemps.
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