P
aris, XVIIIe arrondissement, de nos jours. Une adolescente appartenant à une longue lignée de voleurs d’objets magiques vit avec sa grand-mère, pendant que ses parents purgent une peine de prison à Moscou. Pour convaincre sa camarade de classe de son amour, elle se rend au phare d’Ostende où elle dérobe l’héliotrope, c’est-à-dire une teinte de bleu qui lui colle malheureusement à la peau. Son larcin attise la convoitise de toutes les créatures imaginaires et la voilà au cœur d’une fable où interviennent vampires, sorcières et zombies.
Le ton de ce conte de Joann Sfar est plutôt sympathique. Naviguant entre l’absurde, le surréalisme et la poilade, le livre se laisse dévorer. Les rebondissements se révèlent nombreux, tellement que la narration semble par moments décousue, sans que cela n’entache le plaisir de la lecture. L’auteur a confiance en son jeune lecteur ; il lui démontre notamment que le quatrième mur peut être défié et que le voyage dans le temps cause de troublants paradoxes.
Les enfants âgés d’une dizaine d’années s’identifieront à la lycéenne maladroite, laquelle a du mal à exprimer ses sentiments et apparaît particulièrement douée pour mettre les pieds dans le plat. Ils s’amuseront également de l’ancêtre et ses petits-déjeuners aux Corn Flakes arrosés de vodka et de l’accueil à coup de fusil qu’elle réserve aux visiteurs. Pour leur part, pères et mères apprécieront de découvrir des références à Indiana Jones, à Walking Dead, au Cthulhu de Howard Phillips Lovecraft et à Aspirine.
Le scénariste a réalisé le crayonné, avant de céder les pinceaux à Benjamin Chaud. Le résultat rappelle celui du Petit vampire, mais pas tout à fait. Le collaborateur impose sa présence avec un trait affirmé, rond et moins tremblotant que celui de son partenaire. Par ailleurs, le style caricatural convient parfaitement à ce récit rocambolesque. Posées en aplat, les couleurs très vives d’Isabelle Rabarot ajoutent une touche joyeuse à une histoire qui l’est déjà.
Un joli album ayant tout pour plaire aux gamins rêveurs.
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