Q
uoi de neuf à Saint-Saturnin ? Pas grand-chose honnêtement. Dans ces petites villes de province, il ne se passe jamais rien. Il y a juste le Père Piquet qui n’a pas ouvert sa cordonnerie ces derniers jours. Ce n’est pas si gênant que ça, sauf peut-être pour Annie qui a pris l’habitude de guigner l’heure à travers sa vitrine. Et puis, entre nous, le Père Piquet, il est bizarre et radin par-dessus le marché. D’ailleurs, le boucher, chez qui il a une grosse ardoise, m’en a raconté des vertes et des pas mûres à son sujet…
Après le limonadier du lieu (Le bistrot d’Émile), c’est au tour d’Annie la coiffeuse d’être la «star» d’un tome des Dessous de Saint-Saturnin. Bruno Heitz continue sa mini-comédie humaine avec Tiff’Annie, un nouveau thriller régional à basse intensité. Une intrigue en accordéon désarticulé, des personnages surjouant façon théâtre de boulevard (en tournée dans les sous-préfectures) et des décors patinés sentant le terroir, l’album ne paye pas de mine au premier abord. Quelques pages plus tard, charmé par l’ambiance unique de ce petit récit de peu, le lecteur est happé et ne pourra pas reposer l’ouvrage avant l’épilogue final. Nostalgie ou syndrome de Peter Pan mâtiné de déni de la réalité ? Peu importent ses peurs ou ses fantasmes, le créateur d’Hubert a trouvé la recette pour rassasier toutes les âmes. De la franchise et de la légèreté, de l’amour et de la gentillesse, le tout est mis en image de la plus belle et simple des manières.
Dans les banquets de mariage ou du quatorze juillet, ce n’est pas l’originalité du menu qui compte. L’important se niche plutôt dans l’atmosphère de fête et le plaisir de se retrouver avec des gens sympathiques. Les dessous de Saint-Saturnin, c’est pareil. Impossible de ne pas tomber sous le charme désuet et familier des œuvres de Bruno Heitz.
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