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aymond est aigri. Auteur de bandes dessinées, il a connu quelques succès, c’était il y a longtemps. Il n’aime personne : bédéistes, chasseurs de dédicaces, artistes de la relève, peu trouvent grâce à ses yeux. Pas même la sémillante Petra qu’il accueille, de mauvais gré, au Festival d’Angoulême. Alors que les beaux jours du premier semblent derrière lui, la jeune femme se révèle sur le point d’être adoubée.
Il demeure difficile de ne pas lire dans Bouloche une autofiction où Hervé Bourhis raconte sa vie et celle de ses confrères : revenus modestes, public ingrat, incapacité de comprendre les technologies et les moyens de diffusion modernes, à savoir les blogues. Le discours du protagoniste est chargé de pessimisme, l’héroïne le lui fait d’ailleurs remarquer.
Il s’agit là d’un énième épisode de la querelle opposant les anciens et les modernes. Le propos est celui d’une génération réalisant que des recrues lui pousse dans le dos. Cela dit, cette tension n’est pas propre au neuvième Art, parions que les comptables et les avocats doivent eux aussi être ulcérés lorsqu’ils sentent que leurs cadets, décomplexés et sûrs d’eux, lorgnent leur taf.
Paradoxalement, le style de l’illustrateur n’est pas si loin de celui que ses nouveaux collègues déploient dans les réseaux sociaux. Dans ce projet visiblement réalisé dans l’urgence, le trait est relâché, la mise en couleur sommaire et les décors rares. Les arrière-plans se présentent d’ailleurs généralement sous la forme de photos ; ces incrustations finissent par lasser.
Un certain malaise se dégage de la lecture de cet album en forme de règlement de comptes. Peu de gens sont nommés ; il est probable que les initiés reconnaîtront quelques congénères.
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