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érie-phare des années quatre-vingt-dix (et des suivantes), Largo Winch est un des nombreux points d’orgue de l’extraordinaire carrière de Jean Van Hamme. Le concept qui conduit le titre est à la fois simple et intuitif : l’aventurier «jamesbondien» cher à Greg prend un virage business et permet à la BD grand-public de recoller à son époque. Les méchants tuent et trafiquent toujours, mais ils portent désormais des costumes chics et agissent pour le «bien» des actionnaires. De plus, OPA, opérations à découvert et paradis fiscaux permettent de démystifier les arcanes de la haute finance auprès des lecteurs qui n’en demandaient pas plus. Philippe Francq (en collaboration avec Éric Giacometti) ayant repris les rênes du présent et du futur du milliardaire en baskets, il restait une question cruciale en suspens : d’où vient la fortune de papy Nério ?
De Thorgal, XIII aux Maîtres de l’orge, la saga familiale et la quête de ses racines sont des genres que Van Hamme a souvent visités. Il est donc logique que le roman des Winch prenne cette forme. Dans Vanko 1848, le premier tome de La fortune des Winczlav, le récit remontait jusqu’au milieu du XIXe siècle pour retrouver l’origine des futurs milliards du clan. Fuyant une Europe centrale en ébullition, l’ancêtre de Largo émigrait logiquement pour les USA, la terre de toutes les opportunités. L’histoire était lancée et une foule de mésaventures et autres mélodrames dignes des meilleures télénovelas passés, voici poindre Tom & Lisa (la troisième ou quatrième génération, entre les enfants cachés, les adoptions et les fins tragiques, il est quasi-impossible de tenir le compte) alors que la Première Guerre mondiale est sur le point d’éclater. Les crises, c’est bien connu, sont excellentes pour les affaires.
Aviateurs (-trices dans le cas présent) de génie, trafiquants d’alcool, acoquinements avec la Mafia, déjà des délocalisations et la création d’une banque d’investissement, le scénario alterne entre petits intermèdes anecdotiques et un essaimage méthodique de ce qui formera l'empire W dans le futur. Cette construction multi-focale est astucieuse, mais s’avère malheureusement extrêmement boiteuse dans son développement. Le principal défaut vient du manque de place par rapport à la quantité d’éléments que Van Hamme souhaite raconter. Les séquences sont comprimées au maximum, les protagonistes n’ont pas le temps de s’installer et se résument à des automates désincarnés. Quand aux années et aux décennies, elles s’évaporent d’une case à l’autre sans avertissement. Conséquemment, la lecture devient rapidement rébarbative, voire incompréhensible tant il est difficile de suivre quel rejeton ou rejetonne est à la barre à tel moment ou à tel autre.
La déception vient également de la mise en image de cette cavalcade généalogique. En effet, le trait habituellement élégant et léché de Philippe Berthet est à peu près méconnaissable. Décors minimalistes, vides de substance, personnages fades et stéréotypés, le dessinateur se limite à un service minimum guère engageant. Il s’en sort et fait illusion lors de brefs instants grâce à un sens du découpage techniquement au point et c'est à peu près tout. Par contre, pour ce qui est du ressenti ou d’une quelconque énergie, mieux vaut s’adresser ailleurs.
Spin-off au grand potentiel animé par duo reconnu du Neuvième Art, La fortune des Winczlav avait tout pour être passionnant. Mal construit et animé, le résultat se révèle particulièrement frustrant. Dommage.
Franchement, Largo ne méritait pas cette pseudo saga assez médiocre, dont le scénario et le dessin sont aussi simplistes que mollassons. Tout sonne le vieillot et le réchauffé. Quelle déception !
Un second tome un peu meilleur que le précédent mais cette saga familiale est survolée beaucoup trop superficiellement pour susciter un intérêt quelconque. Les événements s'enchaînent sans aucun suspence ni crédibilité, les personnages sont caricaturaux, sans profondeur et on n'arrive vraiment pas à s'attacher à eux. Il reste les dessins très (trop?) propres de P.Berthet, dessinateur que j'apprécie beaucoup par ailleurs, mais qui ici, ne me semblent pas les plus adaptés à donner un peu d'intensité au récit.
Largo méritait tellement mieux !
Après les très nombreux déboires du patriarche des Winczlaw mystérieusement disparu après sa désertion d’une armée unioniste bien ingrate, son fils, Milan, va connaître quelques aventures qui vont l’amener à découvrir du pétrole… Avant que le Président des Etats-Unis, ne décide de le spolier de sa terre… Milan perd pratiquement tout. (Fin du 1er tome.)
Thomas Winczlav, fils de Milan, s’est bien fait rouler dans la farine par sa maîtresse, Sandy, pour qui il s’est ruiné en achetant le saloon qu’elle va vite transformer en bar à hôtesses avec chambres à l’étage pour soulager les messieurs de leurs soucis et d’une partie de leurs dollars. Heureusement pour lui, un détective privé vient le chercher dans son bled paumé pour l’emmener à New York, où il découvre avec stupéfaction être l’héritier d’une espèce de roi du whiskey, étant un descendant du principal importateur, un Irlandais du nom de O’Casey. Cette fortune, il doit la partager avec sa sœur jumelle qu’il n’a plus vue depuis l’âge de trois ans. Celle-ci vit en France et cet argent va lui permettre, à elle, d’assouvir un rêve, mais la guerre approche à grands pas en Europe…
Thomas, lui, découvre dans une propriété familiale, une grotte solidement barricadée et qui semble contenir un lourd secret familial. Il estime qu’il doit savoir de quoi il en retourne…
Critique :
Van Hamme est un maître dans les rebondissements à foison, et il le prouve une fois encore avec cette saga des Winczlav qui vont donner naissance à sa grande série « Largo Winch ». Ce tome 2 nous fera, entre autres traverser la Grande Guerre, avec une rencontre inattendue, le Baron Rouge, von Richthofen. Il sera aussi question de la prohibition, et surtout, du krach boursier qui verra un Winczlav investir au moment où tout le monde n’a qu’une idée en tête : vendre !
Nous sommes dans de la pure fiction. Les événements historiques sont là au service de l’imagination de l’auteur.
La ligne claire de Berthet fournit un dessin très lisible qui en rend la lecture bien agréable. Vivement le troisième tome…
Le premier tome avait été l'occasion de voir le premier patriarche de la famille Winch à quitter le Monténégro suite à des persécutions. Il s'embarque pour les Etats-Unis où tout est en ébullition notamment vers l'Ouest.
On voit les petits-enfants en action dans le second volume à savoir Tom et Lisa. Pour autant, si le tome portent leur nom, c'est surtout la mère Miss Lafleur qui semble diriger tout ce petit monde. On l'avait découvert dans le premier tome s'amourachant de Buffalo Bill au point de le suivre dans ses spectacles. On peut dire qu'elle a bien évolué et pourtant, ce n'est pas une Winch pur sucre.
Une partie de l'action se déroule en Europe notamment sur le front aérien de la Première Guerre Mondiale ce qui sera l'occasion d'introduire le personnage du baron rouge.
Cela se termine avec une famille plus riche que jamais car Tom s'est découvert assez tardivement une passion pour la finance et notamment la banque d'affaire après avoir trempé dans le trafic d'alcool durant la prohibition.
On suit toujours avec autant de plaisir les différents personnages qui composent cette saga familiale. Côté dessin, c'est toujours Philippe Berthet qui officie pour notre plus grand bonheur. Cependant, parfois les personnages se ressemblent et on peut faire une confusion entre Tom et le baron rouge par exemple qui semble avoir la même couleur de cheveux et le même âge.
C'est toujours un plaisir de voir le contexte historique dans lequel évoluent tout ces personnages car il y a toujours un raccord. Il ne reste plus qu'un tome avant le bouclage de la série où Nério lègue son immense fortune à son fils adoptif Largo.