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'album ayant reçu le Fauve Révélation 2017 au FIBD d'Angoulême est enfin réédité chez Cornélius. Présent dans de nombreuses médiathèques et bibliothèques de lycées, ce titre signé Ancco mérite d'être connu du plus grand nombre de lecteurs.
Autrice révélée par son journal illustré sur Internet, qui devient un volume papier sous le titre Jindol et moi (paru aux éditions Philippe Picquier), elle fait preuve d'un sens de l'autodérision et d'humour tout en abordant la jeunesse des banlieues de Séoul. À travers son vécu, elle parvient à livrer des tranches de vies de la société sud-coréenne, entre insouciance et illusions perdues.
Ces Mauvaises filles vivent dans la Corée du Sud de la fin des années 1990, en proie à une crise économique qui a des répercussions sociétales importantes. Jin-joo opte pour un comportement déviant des normes sociales : elle fume, découche, et provoque ses professeurs. Cela embarrasse ses parents qui en conçoivent de la honte, en particulier son père qui entend régler le problème par la violence.
La violence sous toutes ses formes est au cœur de ce one-shot. Qu'elle soit familiale, sexuelle, verbale ou physique, elle est omniprésente contre les jeunes femmes. Rien ne sera épargné à Jin-joo et à son amie Jung-ae jusqu'au final. La vie se révèle à la fois lourde et vide de sens pour les protagonistes en perdition dans cette société qui se cherche.
Le ton sans concession et âpre de l'autrice fait mouche, désarçonne le lecteur pour mieux l'entraîner dans l'abime du vide existentiel. Son style graphique accompagne ce ressenti. À la fois épuré et précis, le jeu de l'encrage renforce l'impression de chute donnée par l'histoire.
Un récit qui, bien qu'inscrit dans la décennies 1990, ne perd en rien de sa puissance pour constater le poids de la charge mentale et des pressions exercées sur les jeunes femmes en Asie et dans le monde. Un titre déroutant et passionnant à lire absolument.
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