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e Sommet de la Terre en COP, rapport du GIEC après rapport du GIEC, inondations catastrophiques, incendies géants et autres calamités «du siècle», la réalité des changements climatiques devient de plus en plus tangible, mortelle et coûteuse. Les écoanxieux sont en PLS, les jeunes exigent de l’action et, sauf pour quelques dinosaures restés coincés à l’époque des Trente Glorieuses, la classe politique semble enfin s’intéresser au futur de la planète. Ouf, ce n’est pas trop tôt. Ou est-ce déjà trop tard ? Et d’ailleurs, que cachent les dernières inventions des pro de la communication et du greenwashing ? Croissance vertueuse ou décroissance ? Économie circulaire, recyclage, agriculture régénérative ? Que faire ? Qui croire ?
Après Le monde sans fin (Dargaud, 2021), la somme signée Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici qui mettait en relief l’aspect énergétique de la crise environnementale actuelle, Anthony Auffret propose un exposé axé sur l’économie du sujet de l’heure. Les solutions existent, mais dans un monde aussi interconnecté que le nôtre, aucune d’entre elles n’est vraiment miraculeuse. C’est ainsi que pourrait se résumer Le mirage de la croissance verte.
Thème complexe, bourré de notions contre-intuitives, de «vérités» et de mythes profondément ancrés dans les psychés, les réformes nécessaires des modes de production et de consommations ne sont pas d’une approche facile. La première prouesse de l’auteur a donc été de rendre ce maelström d’informations compréhensible et accessible. Sur ce point, la mission se montre réussie. Définitions claires, exemples frappants et explications pertinentes, les nombreux messages passent. C’est peut-être le plus important.
Sur le plan BD, le résultat est plus mitigé. Pour faire simple, l’utilisation spécifique du Neuvième Art ne s’avère finalement guère visible ou cruciale. Le trait sympathique et les personnages amusants ne sont pas en faute. Malgré la densité et la complexité du discours, les planches demeurent parfaitement lisibles. Simplement, à part aérer la narration et distiller une dose d’humour, les illustrations n’apportent aucune réelle plus-value. En gros, tout le contenu passe par le texte et les dialogues et quasiment jamais par l’image. Purement illustratives, celles-ci ne servent finalement qu’à répéter ce qui est discuté autour d’elles.
Excellent exercice de vulgarisation, Le mirage de la croissance verte est une lecture passionnante et crispante à propos de nos excès et des limites de nos bonnes actions. Quel dommage cependant que la richesse du matériel présenté ait pris le dessus. Découpage sans saveur et mise en page générique, le plumage ne vaut pas le ramage malheureusement.
Le livre le plus vendu en 2022 est une BD à savoir « Le monde sans fin » de Blain et Jancovici entre miracle énergétique et dérive climatique. Beaucoup d'auteurs vont s'engouffrer dans cette nouvelle manne pour nous proposer leur vision des choses afin de sortir du marasme actuel et de la crise énergétique qui menace nos foyers.
Voici donc le mirage de la croissance verte et non le miracle. Certains y croiront fermement quand d'autres fustigeront ces idées qui peuvent mener tout un pays au désastre en témoignerait la gestion calamiteuse des grandes villes françaises où les partis écologiques ont pris la majorité. Moi, je dis qu'il faut écouter ce qu'ils ont à dire pour essayer de nous en sortir. Il ne s'agit pas forcément d'y souscrire aveuglément. C'est un sujet brûlant et c'est bien le cas de le dire !
Certes, il y a le constat de la peur à savoir la destruction de la nature, le réchauffement climatique, la crise économique avec ses laisser pour compte. Visiblement, l'auteur nous fait la démonstration de manière assez amusée qu'on ne pourrait tout simplement pas combiner développement économique et la préservation de l'environnement car c'est antagoniste. A moins d'accepter la décroissance !
Ecologie et croissance ne fonctionne généralement pas ensemble. Faut-il revenir à l'âge de pierre en évitant de consommer trop ? Faut-il baisser drastiquement la population mondiale en employant les grands moyens ? Ou, au contraire, faut-il chercher la croissance avec les dents ? Bref, une multiplication de questions et de décisions difficiles à prendre tant c'est complexe.
Si on pouvait rouler en voiture avec du jus de carotte, cela serait certes le top mais ce n'est pas très réaliste. Les énergies renouvelables sont sans doute l'avenir car elles ne polluent pas. Cependant, cela coûte très cher pour un résultat concret encore incertain sur une très grande échelle. Bref, c'est comme un mirage quand il faudrait un miracle.
On comprend que si les efforts individuels sont louables, ils ne seront pas suffisants pour lutter contre le réchauffement climatique. En effet, l'essentiel de la réduction de nos émissions dépendra de la capacité du système à se réformer à l'échelle mondiale ce qui n'est absolument pas gagné avec des pays comme la Chine ou les Etats-Unis.
L'auteur donne une vision assez pessimiste du monde de demain avec l'épuisement de nos ressources et il n'a sans doute pas tort au vu des constats actuels. J'ai bien aimé la sincérité de sa démarche en nous présentant une vision qui n'est finalement pas si éloignée de Blain et Jancovici qui furent d'ailleurs très critiqué.
Sinon, cela ne se lit pas aussi agréablement que cela car il faut prendre des poses pour bien comprendre chaque idée, chaque concept. C'est comme si on faisait un devoir de mathématique. Bref, ce n'est pas de la lecture divertissement malgré une bonne dose d'humour dans les situations décrites. Mais bon, le sujet étant grave, on peut le comprendre.
Un mot sur le graphisme pour dire qu'il parait assez simpliste au premier regard. Cependant, j'avoue avoir bien aimé ce trait qui confère une réelle dynamique à l'ensemble avec également une bonne utilisation des couleurs.
Au final, c'est une BD documentaire assez sérieux et complet sur la problématique de l’écologie. Evidemment, c'est à lire pour bien comprendre tous les enjeux et surtout que les solutions ne sont pas simples.