C
e manga est rapidement passé de l’anonymat au rang de série incontournable lors de sa précédente édition en 2009, tant l'histoire est prenante et bien narrée. Rapidement épuisée, de nombreux lecteurs attendaient impatiemment de pouvoir la terminer ou de la découvrir, en voulant passer outre des prix horriblement élevés sur le marché de l’occasion. Ainsi, lorsque les éditions Delcourt-Tonkam ont fait connaître la date et le fait que cette réédition se ferait sous forme d'un double album, bon nombre d'otakus ont réservé le tome auprès de leurs libraires.
Qu'est-ce qui peut susciter autant d'intérêt autour de ce titre ?
Tout d'abord, la charge émotionnelle de son histoire, qui se déroule en 1958 à Hiroshima. Une jeune maman tente d'élever seule ses deux garçons : Yoshinori et le turbulent Akihiro. Ne pouvant plus travailler pour s'occuper de ses enfants, elle décide de confier le plus jeune à sa propre mère résidant à Saiga, sans prévenir le gamin. Dans un premier temps, ce dernier est dévasté, mais la rencontre avec sa mamie va bouleverser sa vie...
Le pitch peut sembler triste, mais l'ambiance change de ton assez vite lorsque le personnage principal débute la cohabitation avec sa grand-mère. Bien loin du miracle économique qui s'initie dans les espaces urbanisés du pays lors de cette période, son quotidien est celui des pauvre. Quand bien même, cette femme va enseigner à son petit-fils qu'il n'existe pas de fatalité et que, malgré tout, il est possible de s'en sortir et de sourire à la vie. Tous les chapitres sont orientés en ce sens avec un brin de poésie et de nostalgie.
Les liens familiaux sont aussi au cœur de ce manga. Akihiro découvre sa parente qu'il ne connaissait pas. Au fil du temps, les deux apprennent à se connaitre et à développer un puissant lien d'amour, qui ne peut qu'émouvoir les lecteurs. D'autant plus que Une sacrée mamie est un récit biographique. En effet, Yoshichi Shimada, comédien réputé au Japon dans les années 1980 et scénariste de cette série, n'est autre que Akihiro Tokunaga, le héros du récit. Il revient sur ces jeunes années et surtout sur l'importance qu'a eu sa mamie dans la postface de la bande dessinée. Cela ajoute encore à l'aspect émotionnel de ce titre, même pour celles et ceux qui ignorent le travail de cet artiste.
Les dessins sont signés Saburo Ishikawa. Ce mangaka maitrise un trait d'une grande douceur et donne à ses personnage un design inimitable et fort agréable. Traités ici, le poids du passé et sa charge émotionnelle, deux thèmes récurrents pour lui, le prédestinaient à faire partie du projet. Les lecteurs francophones ont pu découvrir plusieurs de ses mangas à l'instar de Bunza l'insouciant, Sacré prof, ou bien encore le magnifique Plus haut que le ciel, tous parus chez Black Box.
Cette nouvelle édition est réalisée sur un papier classique mais bien collé, ce qui est important puisqu'il rassemble deux tomes en un seul. Le côté plus épais ne gêne en rien la lecture ; au contraire même, car il est difficile de quitter ce tandem si attachant.
Un manga incontournable qui plaira aux amateurs de belles histoires tout comme aux passionnés de bande dessinée japonaise.
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