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résil, 1822. Alors que la guerre d’indépendance débute et promet de perturber le commerce, les producteurs de cacao hésitent sur quel camp choisir. Le Portugal et la stabilité ? La liberté, synonyme de coudée franche et d’inconnues politiques ? Chez les Da Costa Bourbon, ce dilemme est incarné par les deux fils de la plantation. Louis penche plutôt pour les loyalistes, tandis que Tiago voit d’un meilleur œil les indépendantistes. Cela souligne bien leur rivalité de toujours d’ailleurs. Obligés de cohabiter sous la férule implacable de leur père, ils ne s’accordent que sur un point : le cacao. Pour le reste, comme l’usage d’esclaves par exemple, ils diffèrent sur à peu près sur tout.
Un sujet gourmand à la mode (le chocolat, ses secrets inavouables), une trame familiale à haut potentiel de vengeances diverses et variées, du business et un peu de sexe, le tout baignant dans le creuset l’Histoire, Les damnés de l’or brun marque le retour en force de la série-saga sur les étales. Francis Vallès est aux pinceaux et Jean Van Hamme signe même la préface, c’est comme si les années quatre-vingt-dix ne s’étaient jamais arrêtées ! Blague à part, force est de constater que Fabien Rhodain et Didier Alcante ont choisi une certaine forme de classicisme, voire de conservatisme pour leur scénario. Les intentions sont évidemment louables et, de la mise en abîme initiale aux premières péripéties, de la place a été laissée afin de présenter différents points-de-vue, celui des femmes en particulier. Par contre, la narration globale, la psychologie simpliste des personnages et le développement dramatique s’avèrent convenus et sans surprise. Habituellement le fait des séries télévisées, cette absence de toute prise de risque étonne et déçoit quasi-immédiatement.
Visuellement, Vallès rend une copie pleine, mais à peine plus inspirée. Côté positif, il offre une reconstitution honnête de l'époque et des déchirements qui secouaient la région. Quel manque de ressenti ou d’incarnation cependant dans ces illustrations semblant sortir tout droit d’un vieux numéro du National Geographic. Les poses sont forcées, les allures figées et la mise en scène statique. Là aussi la comparaison avec une production cinématographique sous-financée vient à l’esprit. L’ensemble demeure heureusement parfaitement lisible grâce à un découpage maîtrisé à défaut de détonner.
Lecture balisée d’épisodes téléphonés et de coups de théâtre devinables des pages à l’avance, malgré un thème passionnant (et pas seulement chez les foodies), Salvador, 1822 ne possède que bien peu d’attraits pour accrocher le lecteur. Espérons que la suite sera plus consistante et, surtout, plus engageante.
Didier Alcante nous propose une saga familiale dans la tradition de Jean Van Hamme qui signe d'ailleurs un petit texte assez sympa dans la préface. Cela rappelle en effet l'époque des « Maîtres de l'orge ». On retrouve d'ailleurs le dessinateur Francis Vallès dans cette aventure brésilienne sur fond d'exploitation du cacao (l'or brun) et surtout sur fond d'esclavage.
Il y aura en tout 3 volumes sur 3 époques différentes : 1822 à Salvador, 1850 à Sao Tomé et enfin 1878 à Paris. Le premier tome arrive à tenir la plupart de ses promesses. A noter que le Brésil était sous domination portugaise en 1822 avant de faire une révolution pour son indépendance comme beaucoup d'états d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud.
Dès le début, j'ai accroché au graphisme de Francis Vallès. Je le trouve certes classique mais fluide et souvent franchement élégant. J'aime ce genre de dessin plein de personnalité et de maîtrise. Les protagonistes sont vraiment réussis avec de bonnes expressions compréhensibles. Les ambiances sont bien rendues et les décors brésiliens sont superbes.
On pourra seulement regretter des personnages peu attachants notamment les deux frères qui se déchirent brutalement. Pourtant, cela avait bien commencé avant de se dégrader presque de manière artificielle au gré des événements. Il est vrai que cette accumulation n'est pas très crédible mais bon, passons.
En résumé, une histoire qui reprend nombre de clichés mais qui se laisse lire plus ou moins agréablement.
Au final, je suis tombé à moitié sous le charme de cette chronique familiale. Cela devient un petit phénomène de mode sur le mode de la gastronomie associé à l'histoire d'une famille. Quand on dégustera du chocolat, il faudra se rappeler de toutes ces plantations et de ses esclaves y travaillant sans relâche. Chocolat et esclavage ont toujours fait bon ménage. C'est vrai que ce n'est certes pas la première idée qui nous vient à l'esprit.
Cette BD et un cadeau ! Une vraie bonne BD, comme je les aime, avec un vrai propos, une vraie histoire, pleine vie
de rebondissements, et un dessin digne de Vallès. En fait, je l'ai adorée !
C'est une fresque qui nous dépeint un monde qu'on n'a peut-être pas envie de voir. Le chocolat n'est que rarement " propre" au point de vue humain. Côté historique, j'ai appris plein de choses, et même si, pour l'instant, on parle peu du produits fini qu'est le chocolat, on nous dépeint très bien la vie de ceux grâce à qui il est arrivé jusqu'à nous. Parce que l'"Or Brun" , finalement, ce n'est peut-être pas que le chocolat...
J'ai trouvé les dessins magnifiques et bien documentés, mais il est vrai que je ne me suis pas arrêtée à des boutons de veste posés du mauvais côté, tant j'étais embarquée par l'histoire. Les couleurs donnent vie à des personnages et des décors qui m'ont régalée.
Peut-être aurais-je aimé y trouver un gentil héros, le mec ou la nana pleine de bonnes intentions, à qui on s'attache comme à un ami... Là, que des personnes qui tirent la couverture à elles... ou qui se battent pour survivre au mieux. Mais c'est aussi ce qui nous fait si bien entrer dans cet univers impitoyable, qui donne au plus sucré des chocolats une saveur amère !
Comme quoi il y a des BD juste divertissantes, et d'autres qui, en plus de l'être , peuvent aider à certaines prises de conscience !
En attendant l'arrivée de mon gentil héros, peut-être dans le tome 2, j'ai eu envie de regarder le reportage d'Elise Lucet... et désormais, de mieux choisir le chocolat que j'achète !
Finalement, il y a un petit côté lanceur d'alerte dans cette histoire ! Mais le sujet est si humainement traité , que plutôt que de nous faire culpabiliser (j'adore le chocolat et en ai mangé des tonnes de "pas équitable du tout") , on accepte juste d'ouvrir les yeux !
Je recommande !
Sissi 33.