Ça y est, Karl est en retraite. Une joie ? Une libération ? Des moments pour lui ? Oui… Non. Du temps pour quoi faire et pour qui se demande-t-il. Pour sa fille peut-être. Et si c'était l'occasion de renouer avec elle, laisser cette brouille et ce silence de huit ans derrière eux ? Le père commence alors une longue lettre, sorte de confession, de catharsis aussi. C'était dans l'Allemagne de l'après-guerre, il sympathisait avec un jeune soldat…
Ce roman graphique entraine le lecteur dans l'intimité d'un homme qui, toute sa vie durant, s'est efforcé de contenir les désirs qui le poussaient vers d'autres individus masculins pour se fondre dans le moule de la société et les attentes de chacun : se marier et fonder une famille… En fil rouge de l'intrigue, un courrier qu'il essaye d'écrire à son enfant devenu grand et dans lequel il se livre sur son passé afin de lui expliquer son absence physique et affective. Avec pudeur, retenue et surtout beaucoup de justesse, Matthias Lehmann aborde des thèmes majeurs : l'orientation sexuelle évidemment, fréquemment incomprise, mais aussi la frontière entre l'amitié et l'amour, le regard des autres etc... Le lecteur sent la tristesse infinie et la frustration qui ont dominé la vie du personnage, mais aussi le courage qu'il lui a fallu pour s'affirmer envers et contre tous. L'empathie nait sans effort. Le contexte est bien sûr d'une grande importance : les années Berlin-Est et Berlin-Ouest. L'association du sujet principal et de l'époque rend cet ouvrage riche et captivant.
L'artiste possède un trait élégant, en noir et blanc, réaliste, avec un rendu léger et doux qui permet à la délicatesse du sujet de s'exprimer pleinement. Le découpage reste classique et les quatre cents cinquante pages se lisent sans problème.
À la fois historique et très personnel, Une vie en parallèle traite de questions universelles souvent abordées certes, mais ici, avec beaucoup de subtilité et de sensibilité.
Cet album aborde un thème très intéressant sans le servir avec la clarté et la maîtrise narrative nécessaire.
Le dessin trop libre, trop pictural, manque singulièrement de lisibilité, les personnages, éléments centraux du récit ne sont pas suffisamment caractérisés et aisément reconnaissables.
Les flashback et flashforward impromptus sont difficiles à suivre et mal identifiés, cette lecture est laborieuse et longue.
Les dialogues et les mises en situations sont peu réalistes.
Bref, un gros pavé indigeste qui ne me laissera pas un bon souvenir.