L
ea rêve d’écrire et d’être lue. Cependant, au début du XIXe siècle, pour une jeune fille vivant au cœur de la campagne anglaise, cela n’a rien d’évident. Combien de fois n’a-telle pas entendu répéter que les belles lettres sont réservées aux hommes et que son sexe l’empêche de comprendre certains livres ? Pourtant, elle veut tenter sa chance. Elle envoie donc son manuscrit à un éditeur londonien, en signant sous le pseudonyme d’Alan Wedgewood. Sa décision va changer radicalement son existence et l’amener à se travestir pour vivre ses aspirations.
Londres, littérature et préjugés sexistes sont au cœur de L’oiseau d’or de Kainis, une série en quatre volumes, signée Kazuki Hata (dont c’est la première œuvre publiée en Europe) et publiée par Glénat. Le lieu et l’époque évoquent évidemment les débuts de l’ère victorienne, tandis que le thème met en avant la condition féminine et l’effervescence artistique durant cette période qui est aussi celle de la révolution industrielle.
Dès les premières pages, la mangaka pose l’équation qui sous-tend son intrigue : la discrimination envers les femmes et le désir d’émancipation de son héroïne. La fin justifiant les moyens, c’est en costume et non en jupon, mais aussi sous un nom d’emprunt, que la demoiselle part affronter le monde. D’emblée, le public peut imaginer que ce déguisement va donner lieu à quelques situations cocasses et ce premier volume n’en manque pas, en effet. Par ailleurs, le récit joue également dans le registre de l’initiation, puisque Lea/Alan est introduite dans le cercle des écrivains lorsqu’elle se lie d’amitié avec l’un d’eux. L’ambiance est à la découverte de la capitale britannique et aux aléas de la vie de bohème des scribouillards, lesquels sont l’occasion de quelques passages amusants. Le graphisme porte la marque des shojo : trait fin, grands yeux expressifs, messieurs à l’allure un peu angélique. Le dessin s’attarde sur les visages et les émotions – plutôt bien rendues -, tout en offrant quelques cadrages plus larges qui permettent de poser l’ambiance et le décor. Le ton, léger, fait le reste.
Malgré une petite note mièvre, L'oiseau d'or de Kainis se lit avec plaisir et saura titiller la curiosité des lectrices adolescentes, d'autant que le tome se termine sur un cliffhanger prometteur.
De temps en temps, j'aime bien me plonger dans la découverte d'un nouveau manga et pourquoi pas d'un shojo. J'aime bien passer d'un genre de BD à un autre afin de découvrir et d'apprécier toute la diversité d'un tel support.
On va s'intéresser à Léa, qui est fille de pasteur, mais qui rêve de devenir une écrivaine de roman. Cependant, elle se heurte à un monde d'hommes qui considèrent que la littérature n'est que réservée à cette gente. Pour mener à bien son projet, elle est obligée de se déguiser en homme afin de rencontrer un éditeur qui peut lui ouvrir les portes d'une carrière d'auteur. Qu'est-ce que les femmes ne sont pas obligés de faire pour s'affirmer ! C'est l'inégalité des sexes qui est en œuvre.
Je n'ai guère aimé ce côté où l'on doit cacher son identité de femme. J'aurais aimé une autre audace. Mais bon, l'héroïne se base, à juste titre, sur le fait que le sexe de l'écrivain va prédéterminer le jugement du public. Cependant, quand la société aura approuvé le livre, elle dévoilera sa véritable identité. Voilà le plan !
Le thème reste semblable à celui d'une série comme « Arte » mais transposé à l'époque victorienne et remplaçant la peinture par la littérature. Le combat reste le même à savoir qu'une femme peut très bien réaliser de très belles œuvres artistiques ou littéraires. Il faut le prouver dans une société machiste où les femmes sont jugées inférieures et moins intelligentes.
Il manque un peu de subtilité et de profondeur. Par ailleurs, le trait reste assez naïf. Mais bon, on est quand même embarqué pour suivre Léa qui se prend pour Alan. Il va faire la rencontre d'un homme qui se prend d'amitié pour lui. Que se passera t-il lorsqu'il découvrira sa véritable identité ? Bref, il y a des ressorts qui nous tiennent en haleine d'autant que la fin de ce premier tome termine sur un véritable cliffhanger.
A noter que le titre de ce manga n'est pas représentatif de celui-ci. On ne comprend pas encore la signification. Cela viendra peut-être dans les prochains tomes.
En tous les cas, cela donne véritablement envie de continuer à suivre cette série qui débute fort bien.