C
hine, année quatre-vingt-dix. Au mauvais endroit au mauvais moment, Yang Kuaikaui, un lycéen doué, devient le complice involontaire d’un vol de camionnette. Li Yu et de l’Oncle Ya, deux crapules locales sans envergure, pensaient se faire un peu d’argent rapidement en revendant le véhicule. Pas de chance, la situation se complique quand l’équipée se rend compte qu’il y a une fillette à l’arrière du van. Un kidnapping, ça n’a pas les mêmes conséquences qu’un car-jacking. Pire encore, ce n’est que le début, l’homme derrière le rapt de la jeune enfant est prêt à tout pour récupérer sa proie et lui, c’est un vrai méchant. C’est le moment de penser vite et de se faire discret.
Yi Yang, autrice chinoise installée en Italie, débarque en français avec Easy Breezy une bombe dessinée qui décape et qui tache. Classique intrigue de bras cassés se fracassant sur plus fort qu’eux, le scénario se résume à une longue poursuite à travers la ville. Ça crie, ça s’invective et ça se marave à qui mieux-mieux pendant cent-quatre-vingts pages avant que le sang commence à couler pour de bon. Et les flics ? À la ramasse comme d’habitude. Les différents moments de fuite sur les chapeaux de roue sont à peine entrecoupés par des scènes plus touchantes où le lecteur fait connaissance avec ce trio de petites frappes. Ces jolis portraits instantanés apportent une profondeur bienvenue à la narration. Finalement, malgré leurs défauts, ils se révèlent être de bons gars, simplement un peu perdus dans un truc que les dépasse.
L’ombre tutélaire de Taiyo Matsumoto hante l’ouvrage, tant sur le fond que dans la manière. Des personnages n’entrant pas dans les cases de la société, une furie graphique mêlant action pure et expression de l’urgence des sentiments, la dessinatrice colle certainement trop à son modèle. Résultat, rares sont les planches ou les attitudes qui ne rappellent pas des œuvres de l’auteur d’Amer Béton et de Printemps Bleu. Hommage prononcé ou influence écrasante ? Peu importe au demeurant, l’énergie et l’acuité du propos prend immanquablement le dessus. Le seul vrai bémol, si bémol il faut trouver, est à relever dans la conclusion du récit. Consensuelle et trop discordante, celle-ci gâche un peu la fête, dommage.
Lecture coup de poing à haute intensité sachant faire de la place à l’émotion, Easy Breezy est à découvrir, en dépit de quelques défauts secondaires propres aux premières œuvres.
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