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oc tire l’eau avec ses cheveux. Le pouvoir, pour le moins singulier, l’amuse autant qu’il lui cause des soucis. Lasse des taquineries, elle choisit de mettre son don à profit. Les résidents d’un village inondé la contactent ; vider les rues est une chose, mais encore faut-il dénicher un endroit où abandonner le liquide sans causer de dégâts. L’adolescente parcourt la campagne. Parfois, elle croise un châtelet. Elle adore d’ailleurs ces musiciens ambulants. La rencontre la plus importante demeure toutefois celle de Kael.
Jade Khoo fait son entrée dans le monde de la bande dessinée avec un scénario intimiste et minimaliste. Il y a assez peu d’action dans ce long album contemplatif, ponctué de segments muets. S’y trouvent les tourments de l’adolescence, avec un soupçon de rite initiatique et des considérations éthiques. La scénariste maîtrise bien la narration, laquelle progresse doucement vers une conclusion qui, sans être vraiment surprenante, apparaît pleinement satisfaisante. Bien que certains signes de modernité transparaissent, le récit semble volontairement situé hors du temps, comme s’il s’agissait d’un conte traditionnel.
L’auteure soutient son propos avec un dessin naïf et généralement dépouillé ; l’artiste apprécie visiblement les vastes espaces et les ciels immenses donnant l’impression que la protagoniste est toute petite. Les vignettes, souvent très grandes contribuent à ce sentiment. La colorisation, en aplat, affiche une majorité de planches pastel avec, ça et là, des pages plus vibrantes.
Le fil conducteur se révèle mince ; la bédéiste le tient toutefois solidement pour offrir à ses lecteurs une fable pleine de poésie.
J’ai aimé Le scénario poétique , parfois dans la réalité , souvent dans le fiction . Le graphisme en apparence simple est beau et accentue l’evasion .