L
e Général revient en force dans le neuvième Art. Après Un général des généraux, voici venir une mini-série annoncée en deux tomes dont le titre évocateur annonce d'emblée le ton : "Tuez De Gaulle"!
Durant les deux dernières années de la guerre d'Algérie, la politique du président est de plus en plus contestée par des hauts gradés de l’armée, par des soldats, par l'OAS et une partie de l'opinion publique qui plus est. Pour certains membres de la grande muette, De Gaulle les a trahis et seule sa mort permettra de sauver la France de l'enlisement du conflit en cours et de redresser le pays. Un groupe d'homme va alors tenter de faire exploser la voiture présidentielle lors d'un trajet entre le palais de l’Élysée et Colombey-les-deux-Églises. C'est l'attentat de Pont-sur-Seine, le 8 septembre 1961. La bombe explose trop tôt.
Le commissaire Marques, aidé par l'équipe de barbouzes de Kosta, est chargé l'enquête.
Ce premier volume est mené tambour battant. Le rythme emporte le lecteur dans une investigation complexe, puisque les cellules passant à l'attaque sont organisées afin de ne pas être remontées. Le scénario de Simon Treins est admirablement construit pour le plus grand bonheur des amateurs d'intrigue politique impliquant des secrets d’État. Pour ce faire, le scénariste utilise les flasbacks de moments clefs de la guerre d'Algérie, comme le fameux discours "Je vous ai compris" du 4 juin 1958 ou encore le putsch des généraux en avril 1961. Cela lui permet de densifier le contexte de son histoire, tout en présentant les différents protagonistes dont le général Salan ou encore le colonel Blanche. Le duo chargé de pister les auteurs de la tentative de meurtre est crédible et fonctionne bien. L'idée d'allier un homme de l'ombre et un policier d'origine pied-noir est intéressante. De nombreuses scènes rendent hommage au registre du polar noir, l'action est donc au rendez-vous.
Celle-ci est mise en image par Munch, un artiste polyvalent, que les puristes ont découvert avec le onzième tome de la série Insiders. Son style graphique tranche avantageusement avec un certain académisme usuel dans la bande dessinée historique. Mélange de modernité et d'hommage aux classiques du genre qui le trait et la mise en couleurs de Scarlett ajoutent une touche de modernité fort bienvenue. Les scènes d'action sont dynamiques et découpées avec intelligence. Un effort notable est apporté aux décors présents en fond de case.
Cette première partie de "Tuez De Gaulle" est réussie. Le décor et le contexte sont plantés sans trop en faire afin de rester un récit d'aventure et non un documentaire déguisé. Le cliffhanger final tient en haleine les lecteurs qui attendront la suite.
De Gaulle est la figure emblématique de la France de la Résistance et surtout de l'avènement de la Vème République qui a démarré à cause notamment de la guerre en Algérie.
Il faut dire que cet homme a réussi une volte-face assez extraordinaire. On se souviendra longtemps du fameux « je vous ai compris » pour ensuite rapatrier une population de pieds-noirs en catastrophe sur le continent malgré une guerre militairement gagnée mais politiquement perdue.
Bref, c'est un personnage qui va susciter comme chaque grand homme une opposition farouche. L'album commence d'ailleurs par des mots échangés avec le président Kennedy lors d'une réception à Versailles qu'il met d'ailleurs en garde contre un possible assassinat. On connaît la suite.
Cependant, De Gaulle a également échappé à deux attentats qui auraient pu lui coûter la vie en 1961 puis en 1962. Mais bon, il est protégé par une baccara extraordinaire dans sa DS présidentielle.
Evidemment, l'histoire retiendra son sang-froid extraordinaire face à ces événements. La BD veut aller un peu plus loin pour découvrir qui étaient vraiment derrière ces projets funestes pour attenter au chef de l’État.
Je ne critiquerais pas le dessin car j'adore particulièrement ce trait réaliste qui met bien en valeur les différents personnages ainsi que les décors. Cela rend la lecture assez agréable et dynamique.
Il faut savoir que c'est une première partie qui sera suivie d'une seconde pour clore ce déroulé d’événements historiques. On suit cette BD à la manière d'une aventure et non d'un documentaire pompeux ce qui est appréciable.
Bref, on attend la suite. Les amateurs d'histoire apprécieront sans nul doute.
Juin 1961. Palais de Versailles.
Le général de Gaulle accueille le président Kennedy et le met en garde contre les risques d’attentat qui pourraient le viser. Kennedy s’étonne de cette remarque, vu que pour lui, de Gaulle est bien plus une cible potentielle…
Critique :
Par des flash-backs, l’auteur remonte aux événements d’Algérie qui ont conduit à l’indépendance de ce pays… Et au mécontentement des pieds-noirs et de quelques militaires qui se sont sentis trahis par le général de Gaulle. Pour les pieds-noirs, c’est plus que compréhensible puisqu’ils sont contraints à l’exil en France, alors qu’ils sont nés et ont vécu sur le continent africain et que plusieurs générations de Français s’y sont succédées. Les motivations des militaires sont moins claires. Toujours est-il que la tentative de l’OAS pour une Algérie française a échoué. Pour autant, ls rancoeurs ne se sont pas éteintes, et certains veulent la peau de ce fichu de Gaulle… Un général qui rentre à heure fixe le samedi chez lui à Colombey-les-deux-Eglises, en voiture, prétendant qu’il n’est pas une alouette pour s’abaisser à prendre un hélicoptère, compliquant méchamment la vie de son personnel de garde.
Cette bande dessinée se présente comme un thriller historique. Pour un amateur d’histoire, et de thrillers, c’est fort appréciable. D’autres personnes qui ne sont tentées par aucun de ces deux genres pourraient bien ne pas s’y retrouver malgré les explications fournies en bas de page.