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ames O’Barr a créé un comics sombre, violent, beau, psychanalytique et gothique. Le succès du film de 1994 a permis à The Crow d'accéder au statut d'objet culturel culte pour toute une génération. Tant et si bien que plusieurs auteurs s'en sont emparés sur différents supports (plus ou moins réussis) dont la bande dessinée.
Dans ce Flesh and bones, l'action se déroule dans une région rurale des USA où l'abandon social et la paupérisation ont engendré une énorme frustration qui s'est muée en défiance envers le gouvernement. La colère est instrumentalisée par des petits groupes extrémistes et suprémacistes qui vont jusqu'à organiser des actes terroristes. C'est au cours de l'un d’eux qu'une bombe fait exploser le bureau du marshal, où se trouvait l'agente Iris Shaw, qui était enceinte. Certains prétendent que quelqu’un meurt, un corbeau emporte son âme vers l’au-delà. Mais lorsque des choses trop horribles et violentes ont eu lieu, le défunt qui s’en va porte en lui une immense et lourde tristesse. Alors seulement quelque fois, cet oiseau peut décider de faire revenir le mort pour que le bien reprenne ses droits sur le mal. Ainsi, Iris Shaw est ramenée à la vie, afin de pouvoir régler ses comptes.
Ce comics est sorti en 1996, en trois numéros Kitchen Sink Press. James Vance marque de son emprunte l'univers d'O'Barr tout en le respectant. La trame de la vengeance grâce à la légende du corbeau est là, tout en déplaçant le décor d'une ville sordide à la ruralité des rednecks. Ici, le scénariste a su réutiliser les thématiques liées aux espaces ruraux centraux de son pays, qu'il maitrise avec son travail sur la série les Rois vagabonds, parue en 1988. Ce qui est une première originalité. La deuxième réside dans le choix du personnage principal qui est une jeune femme. Eric Draven peut aller se rhabiller, la relève est là ! Loin des stéréotypes du comics des années 1990, Iris est tout à fait plausible, ce qui la rend encore plus attachante auprès des lecteurs, dès le départ. Cette future maman violentée et tuée se voit donner la possibilité de choisir de se venger. D'où la troisième originalité : les discussions entre elle et l'animal qui l'a ramenée à la vie. Celles-ci enrichissent le récit et l'héroïne. L'aspect sombre et violent est présent dès le commencement du scénario.
Ambiance bien retranscrite dans le dessin d'Alex Maleev. Tout jeune dessinateur en 1996, il reçoit cette même année le prix Russ-Manning du nouvel auteur le plus prometteur. Belle reconnaissance pour son travail sur cet album. Le trait est sombre et joue admirablement des contrastes de noir et blanc pour générer une atmosphère identique au monde du créateur originel. Les scènes de violences utilisent un style haché et réaliste ajoutant à la tension du récit jusqu'à son dénouement.
Un album dans l'univers de la franchise qui fera le plaisir des fans inconditionnels de The Crow.
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