L
a cinquième livraison de l’intégrale de Tif et Tondu correspond aux derniers scénarios de Maurice Rosy. En quinze ans et douze albums, ce dernier a marqué de son empreinte les aventures des deux nains. On lui doit notamment Choc, un méchant aussi mégalomane que Fantomas, mais élégant comme Arsène Lupin.
Dans les quatre épisodes présentés dans le recueil, la série semble se chercher, ce qui n’est pas forcément un reproche. Alors que l’excellent Réveil de Toar fleure la mythologie celtique, l’angoissant Grand combat, également remarquable, relève davantage de la science-fiction. Le diptyque La matière verte/Tif rebondit verse pour sa part dans un humour au premier degré. Le premier tome de cette histoire se révèle particulièrement faible, il se résume en une suite de gags mettant en vedette une boule verte indestructible et pratiquement impossible à arrêter quand elle commence à bondir. Il est dommage que la collaboration se termine sur cette note plutôt décevante. Le scribe cèdera d’abord sa place à Maurice Tilleux, suivront Stephen Desberg et Denis Lapière.
Les scénaristes passent, Will reste toutefois aux pinceaux jusqu’au début des années 1990. De son vrai nom Willy Maltaite, il est la quintessence de l’école de Marcinelle. Son dessin demeure sympathique, bon enfant, tout en rondeur, parfait pour le magazine Spirou. Le découpage en quatre bandes assure la lisibilité et s’il y a un doute, de petites flèches indiquent dans quel ordre lire les cases. Les couleurs d’origine apparaissent parfois surprenantes ; elles ont néanmoins leur charme vieillot. La comparaison avec Isabelle est tentante et cruelle, puisque c’est à cette époque que l’artiste crée cet univers moins convenu où il dévoile toute l’étendue de son talent.
Ces compilations vendues prix fort capitalisent sur la nostalgie des bédéphiles. Les éditions Dupuis le savent et font plaisir à leurs lecteurs en proposant un copieux dossier d’une cinquantaine de pages dans lequel Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault rappellent les conditions de création de ces récits en discutant avec des membres de la famille des auteurs et des confrères.
Les ficelles sont apparentes, les jeux de mots primaires et l’humour n’a pas nécessairement bien vieilli ; peu importe, ces fantaisies arrivent tout de même à faire sourire et rêver.
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