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rance, 1940. Son mari tragiquement disparu dans la débâcle, c’est à Marguerite Martineau que revient la dure tâche de tenir la boulangerie familiale. À ses côtés, elle peut compter sur ses deux enfants, Marcelin et Monique. Ils sont encore jeunes, mais ils ont parfaitement compris qu’en temps de guerre, tout le monde doit mettre la main à la pâte, littéralement dans leur cas. La situation est évidemment similaire au village. Malgré les rancœurs et les jalousies, tous les habitants font le dos rond face à l’occupant. Les plus courageux ont décidé de lutter et la Résistance s’organise dans l’ombre. D’ailleurs, forcée de ravitailler les Allemands, la jolie boulangère pourrait être une recrue de choix selon certains…
Posé quelque part entre Un village français et Les enfants de la Résistance, Au nom du pain ne serait qu’une énième fiction historique ayant la Deuxième Guerre mondiale en toile de fond si elle ne faisait pas partie d’un projet plus ambitieux. En effet, Jean-Charles Gaudin a décidé d’ancrer et axer son récit autour du pain, un des aliments les plus emblématiques de la diète hexagonale. Prévue pour raconter le destin de la famille Martineau sur trente ans (à raison de deux cycles/époques de deux tomes), la série suit comme fil blanc l'évolution de la boulangerie au sens large. Elle ne se résume pas pour autant à un simple documentaire thématique. Avant tout, il s’agit d’un véritable et traditionnel roman populaire doté d’une distribution solide et ponctué de rebondissements hautement mélodramatiques. Les âmes s’affrontent et se révèlent, tandis que la violente réalité de cette période troublée explose à l’ombre du four. Bien posé et amené, le scénario ne révolutionne cependant pas ce genre tellement rabâché. Par contre, la qualité d’écriture et une parfaite documentation rendent sa lecture prenante et pleinement convaincante, peut-être pas jusqu’à l’odeur des croissants chauds, mais presque.
Style réaliste vibrant rappelant par moments Étienne Davodeau, mise en scène carrée sachant néanmoins s’affranchir de son «moule à gaufres» l’instant d’une illustration ouverte et un joli sens du cadrage cinématographique : Steven Lejeune offre une copie, certes aussi très classique, tout en maîtrise. Dommage que la mise en couleurs abusant du beige et du bistre – qui a dit que les années quarante se devaient toujours d’être moutarde ? - gâche un peu l’ensemble. Ceci mis à part, la reconstitution et le ressenti de cette saga en devenir s’avèrent excellents.
Agréable et réalisé avec soins et attentions, Au nom du pain (joli titre) démarre sous de bons augures. Espérons que la deuxième fournée soit du même niveau !
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu une histoire sur la Seconde Guerre mondiale aussi plaisante ! Et je trouve que l'idée et faire graviter tout cela autour du pain est original, il fallait l'oser !
On s'attache beaucoup aux personnages, c'est très bien rythmé je trouve, et j'ai beaucoup apprécié le dessin ainsi que la couleur