Cache-cache mortel à Bréhat

P lutôt que de retourner une fois de plus en Ardèche, Luigi a décidé de changer d’air pour cet été. Étonnant sa femme, il a loué une jolie demeure sur la très select île de Bréhat en Bretagne. L’air de large, le calme (les voitures sont interdites), de la tranquillité, des vraies vacances réparatrices en somme ! Évidemment, quand son fils découvre un cadavre dans la piscine de la maison voisine et que la police débarque, le charme se dégrade rapidemment, comme la météo.

La relation qu'entretiennent Patrick Weber et Nicoby avec la Bretagne va bien plus loin qu'un prospectus de syndicat d’initiative, c’est un mode de vie, une attitude. Après Ouessant, Belle île en mer et L’île de Sein, au tour de Bréhat d’être la star le temps d’un album.

Quoi de mieux qu’un whodunit façon Agatha Christie afin de faire parler les pierres et les habitants du lieu ? Un assassinat mystérieux, quelques personnages hauts en couleur, une confrontation houleuse entre «anciens» et «nouveaux» occupants, l’inévitable Ankou des légendes et pas mal de chouchen en guise de sherry, tous les éléments indispensables à un bon roman policier classique sont là. Serez-vous plus perspicace que la commissaire Le Ploede’ch pour découvrir le coupable avant la révélation finale ? Alternant balade touristique, tendance didactique et enquête policière, le scénario se déplie tranquillement et sans anicroche.

Nicoby, généreusement assisté par Philippe Ory pour le bleu du ciel et les autres couleurs, dépeint avec attention ce petit rocher posé sur l’Atlantique et prend tout le temps nécessaire pour montrer les beautés et les attraits de l’endroit. Cadrage soigné et inventif, découpage dynamique et une distribution croquée avec délice (la pétulante commissaire Le Ploede’ch en premier lieu, les irritants Lannoy et l’impossible et touchante Audrey Lesueur ne sont pas en reste), le dessinateur maîtrise son sujet. Son trait semi-réaliste bien en place offre le meilleur compromis entre exactitude et ressenti. Le résultat est précis et reconnaissable, tout en restant vivant et naturel.

Engageant et sympathique, mais aussi très attendu et sans réelle surprise, Cache-cache mortel à Bréhat se repose un peu trop sur les poncifs du genre pour totalement convaincre. Le lecteur en sera quitte avec l’agréable promenade et les nombreuses curiosités locales (cf. le mini-dossier en fin d’ouvrage).