1886, à Hawk Canyon, en Californie, tandis que Vinz lit Moby Dick son pote Lino tamise la rivière en espérant y trouver une pépite d'or. Avec l'argent qu'ils en tireraient, ils pourraient profiter d'un peu de calme et prendre un repos bien mérité à Rios Rosas. Mais là bas, entre les truands et les hommes en noir de McAbbey, les ennuis risquent de vite leur tomber dessus...
Trois ans après l'intégrale et la sortie française du film, RUN propose une nouvelle incursion dans l'univers de son Mutafukaz. Comme il l'avait déjà fait pour Loba Loca avec Guillaume Singelin au dessin, puis avec Puta Madre avec Neyef aux pinceaux, il laisse la partie graphique (dessins et couleurs) à une autre de ses « poulains », Simon Hutt. Cette fois, l'intrigue n'est pas centrée sur un personnage de la série mère même si les lieux (et quelques têtes) rappelleront quelque chose aux plus fidèles des lectrices et lecteurs. Direction donc le Far West pour y retrouver les protagonistes principaux, Vinz' et Lino, en chercheurs d'or rapidement en galère, comme souvent.
À nouveau, le duo va rapidement se retrouver dans une situation de plus en plus compliquée qui servira de prétexte au scénariste pour aborder l'histoire de la construction des États-Unis. Sous un angle bien différent de celui que Hollywood a véhiculé dans l'imaginaire collectif, l'auteur pose, comme il sait si bien le faire, son regard aiguisé sur le contexte politique et social et se montre sans concession. Il ne masque rien de la violence de l'époque tout en rappelant la chronologie des « guerres indiennes ». L'ethnocide dont sont victimes les tribus autochtones du continent nord-américain, est notamment retracé. S'appuyant sur le style dynamique de son comparse qui, sans en faire des tonnes, propose une mise en page inventive et fluide, l'intrigue conjugue ces moments plus sérieux à des bonnes séquences de fusillades ou de poursuite. Que les fans se rassurent, ça canarde, ça flingue, ça tue toujours autant !
Avec Mutafukaz 1886, RUN s'offre à la fois une relecture de sa série et une remise en perspective acerbe et pertinente du mythe de la conquête de l'ouest américain. Surtout, il permet au lectorat de retrouver avec plaisir un univers qui gagne en force et s'épaissit en gardant la verve et le ton qui ont fait son succès. De quoi se tourner avec plaisir vers le nouveau cycle, Mutafukaz 2, qui vient de commencer chez Rue de Sèvres.
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