L
a romancière Renée Stone et l’archéologue John Mallowan sont détenus par le milliardaire arménien Anis Dadian, lequel les a recrutés, malgré eux, pour retrouver le trésor d’Assurbanipal, le dernier roi assyrien. Par ailleurs, avec le concours de son épouse et de sa fille, le contrebandier Henry De Frick s’évade de prison. En compagnie du journaliste Graham Gray, il se met en route pour sauver l’héroïne. Enfin, le riche homme d’affaires tente de faire assassiner sa femme, Katarina Leonard, par son amant, Peter Stanford.
Bien que le récit apparaisse par moments décousu, la scénariste, Julie Birmant, arrive à attacher toutes les ficelles de cette histoire amorcée en Éthiopie, avant de se déplacer au Proche-Orient. Une chose est certaine, Le trésor d’Assurbanipal conclut agréablement le premier cycle des Aventures de Renée Stone.
L’intrigue, alambiquée et aux improbables rebondissements, est dans l’ensemble plutôt agréable. Elle sert de prétexte pour présenter une société aujourd’hui disparue, celle où les puissances coloniales découvraient les vestiges de civilisations antiques et profitaient de l’occasion pour enrichir les collections de leurs musées. Tous les clichés sont au menu de ces péripéties orientales : mondes perdus, richesses, déserts, harems et, signe annonciateur d’une nouvelle ère, pétrole.
Le dessin semi-réaliste de Clément Oubrerie demeure de belle qualité. Ses comédiens se montrent très expressifs, peut-être ont-ils même tendance à surjouer, ce qui n’est certainement pas un reproche dans cette série au côté pulp bien assumé. L’impression pixelisée contribue également à accentuer l’aspect vieillot de l’entreprise, tout comme la colorisation, laquelle repose essentiellement sur des teintes pastel.
Dans ce projet, l’illustrateur développe une amusante grammaire des cases : contours ondulants lorsqu’un personnage nage, arrondis pour indiquer que le segment est un rappel d’événements passés ou encore, inexistants le temps d’un songe.
De l’excellente bande dessinée populaire, généreuse en références historiques et mythologiques.
Un troisième et dernier tome réussi, surtout au niveau des ambiances. Le trait plein d'élégance et d'énergie de Clément Oubrerie, complété par une colorisation vintage, lui permet de bien restituer l'époque et l'exotisme du Moyen-Orient.
Côté scénario, en plus d'une atmosphère toujours très mystérieuse, Julie Birmant anime l'action de dialogues tout en finesse et propose une conclusion inattendue et malicieuse.
Au chapitre des bémols, il est dommage que Renée n'ait pas davantage de caractère. C'est un personnage original et bien trouvé. Elle aurait mérité d'être mise au premier plan avec plus de mordant et de sagacité. L'ensemble de la narration, plutôt feutré au regard de l'intrigue échevelée, aurait d'ailleurs gagné à être plus vif. Le flegme britannique qui s'en dégage est tout à fait approprié mais engourdit parfois le rythme.
Il ne s'agit pas d'une série inoubliable mais c'est une lecture agréable. Savoir qu'une suite de cette trilogie est prévue est une bonne nouvelle. Je poursuivrai l'aventure sans hésiter.