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oujours à l’avant-garde du rigolo, Fluide Glacial a récemment élargi sa palette avec une initiative d’entraide intergénérationnelle. Ce n’est pas parce que les auteurs expérimentés sont moins productifs qu’il faut les oublier, c’est en partant de cet axiome que L’Institut Fluide Glacial de la Recherche pour l’Umour a été créé. L’idée est de demander à un jeune artiste de sortir un de ses anciens collègues de son hospice et de le faire «participer» à un album. Son nom sera indiqué sur la couverture (ça leur fait plaisir, ils sont comme ça ces gaillards) et il pourra même faire des petits dessins à l’intérieur entre les histoires, s’il le désire. Ça ne coûte pas cher, c’est bien pour l’image et il y a peut-être une subvention à aller gratter à la mairie. Le cœur sur la main et un pin’s Abbé Pierre sur le revers du veston, AUDIE c’est ça aussi.
Édika chaperonne Mab pour ce troisième tome de L’Institut. Présent depuis peu dans la revue créée par Marcel Gotlib, le nouveau venu a immédiatement saisi l’esprit et le ton de la parution. Du caustique, un peu de grivois, de la parodie et ce qu’il faut d’absurde figurent en bonne place dans ses récits. Le résultat se montre au niveau, mais reste globalement assez classique ou entendu sur le fond. Heureusement, ces quelques airs de déjà vu sont contrebalancés par un rythme et un sens de la chute particulièrement affûtés. Cette énergie vient principalement du style graphique très typé «cartoon contemporain». L’ensemble est net, vif et immanquablement hilarant. En gros, un petit peu plus de personnalité et d’originalité dans les sujets traités et l’affaire sera dans le sac.
Avec ce premier recueil rempli de fous rires et de moments inclassables, Mab démontre toutes ses capacités à la déconne et à la rigolade de bon goût (de mauvais également, ça fait aussi partie du contrat). Maintenant, c’est l’heure de Question pour un champion, il est temps de ramener Édika chez les bonnes sœurs. Il commence à faire frais, il ne faudrait pas qu’il prenne froid.
L'album est sympa, quelques gags drôles mais rien de révolutionnaire. Ca se laisse lire, quoi.
Les gribouillis d'Edika dans les marges n'apportent absolument rien à l'ensemble, en revanche.