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eg, prostituée et protégée de Duke, est toujours détenue par King, le potentat qui a élevé et formé le héros. Ce dernier compte délivrer la dame, mais il devra d’abord réparer les pots cassés par son frère, lequel a escroqué la Mining Company. Dans cet album, le justicier se voit confronté à des bandits et à un groupe de déserteurs afrodescendants, puis il y a Manolito, l’homme de main de son mentor, dont le rôle est ambigu. Tout un programme, auquel s’ajoute la longue traversée d’un désert aride.
À l’odyssée du cowboy, Yves H. greffe des épisodes de sa jeunesse, la tentative de fuite de la péripatéticienne et les exactions contre les Amérindiens. Malheureusement, aucun des fils narratifs ne progresse significativement dans la sixième livraison d’un vaste feuilleton, lequel affiche du reste des longueurs. Celui qui n’a pas en tête les opus précédents aura d’ailleurs du mal à s’y retrouver. Une thématique se dégage tout de même : le rapport de force. Dans ce monde sans lois (ou peu s’en faut), le plus fort (généralement un homme blanc) remporte la mise. Le faible (femme, autochtone, Noir, Mexicain, mais aussi mâle caucasien), n’a que deux choix : se soumettre ou mourir. La violence se présente sous toutes ses formes, économique, culturelle et, surtout, physique.
Hermann excelle à traduire les atmosphères en économisant ses couleurs. Les scènes de nuit à l’encre et au lavis se révèlent magnifiques, idem pour les retours dans le passé reposant essentiellement sur des teintes crème. Plusieurs planches sont quasi muettes, laissant ainsi s’exprimer les très belles illustrations. Les paysages sont comme toujours exceptionnels ; les visages, souvent affublés d’un rictus, se montrent moins convaincants.
Un récit un peu mince ; cela dit, quel plaisir de constater que l’octogénaire demeure en grande forme.
J'aime bien les récits qui prennent leur temps, j'aime bien les œuvres du sanglier des Ardennes (meilleur endroit au monde je tiens à le rappeler, de Belgique comme de France) et je dois dire que ce fut encore une fois une très bonne lecture. Alors, oui l'intrigue n'avance pas de manière incroyable et personnellement, si mon aventure durait aussi longtemps, ça ferait très longtemps que le magot serait dépensé, mais bon notre héros a des principes, il est froid la plupart du temps, ne pète pas un mot au grand dam probablement de son compagnon d'infortune et pour notre plus grand plaisir. J'aime bien comment le scénariste arrive à nous surprendre d'une planche à l'autre avec de petits éléments et des choses qui semblent acquises comme cette histoire d'or, mais non, ça part en live et ça fait bouger le récit. Les ajouts au background des personnages est plaisant et à un vrai intérêt, ce n'est pas gonflé l'intrigue sans raison et perso les quelques planches apportant des informations sont celles que je préfère de l'album. Les dessins, quant à eux, sont toujours aussi beaux, je suis toujours en admiration devant le génie graphique de monsieur Hermann, c'est beau, il n'y a pas d'autres mots. Les couleurs sont incroyables et même si celles-ci, par leur calibrage nous éloigne par moment d'un quelconque réalisme pour donner une touche plus arty, moi j'adore ce que je vois comme ce que je lis et j'ai hâte d'avoir la suite.
Avis global portant sur les six albums parus à ce jour
Hermann et son fils reviennent avec 'Duke', série western, qui à priori ne payait pas de mine (les archétypes étaient de sortie dès le premier tome).
Cependant, c'était sans compter la qualité de l'écriture du fils Hermann qui vient tirer ce western vers les sommets du genre. A l'image d'un 'Marshall Bass', le récit dépeint de façon désabusé une Amérique qui se construit sur la violence, le sang, l'injustice sociale, l'intolérance et l'odeur de la poudre. Ici la quasi-totalité des personnages sont soit désespérés, soit accablés par leur destin évoluant dans un univers sordide et impitoyable.
'Duke' est riche en thématiques fortes et les aborde au compte goutte au fil des albums, tout en apportant de l'épaisseur au personnage principal, Cet ange de la mort qui aspire à vivre paisiblement loin de toute violence en compagnie d'une prostituée, devra souffrir puisqu'au Far-West, les bons sentiments n'existent pas.
Ici celui qui tient un colt a voix au chapitre et distribue la mort à son prochain de façon souvent expéditive (ici pas de héros à la John Wayne). Le nombre de cadavres est absolument stupéfiant: il y a beaucoup de morts au fil des tomes, une vraie boucherie si on enchaîne tout les opus.
Un mot sur le dessin: Hermann fait du bon boulot, je pense notamment à certaines cases se déroulant de nuit ou certains décors typiques du Far-West bien rendus. Malheureusement, les personnages sont toujours aussi "particulier", les femmes se ressemblant toutes et peu attrayantes.
A noter que le premier opus pourrait faire office de "one-shot" mais ce serait passer à côté d'une somptueuse fresque westernienne lorgnant davantage vers un Sergio Leone voire un Clint Eastwood.
Un nouvel album de transition...
Beaucoup de passages sans parole : la lecture de ce tome est rapide.
Le seul intérêt de ce nouvel épisode : de nouveaux flash-back sur les origines du Duke.
Cet avant-dernier album met en place les dernières pièces du puzzle. Les derniers flashbacks sur le passé des personnages permettent de comprendre toute leur histoire. Les soldats sont arrivés au bout de leur mission. Oakley a terminé sa quête de vengeance. Maintenant il ne reste que Duke, Swift et Manolito qui se dirigent vers leur destination finale, le ranch Four Horseshoes où se trouvent King, Ogden et Pig.
Ca sera à tous leur dernier combat, leur dernier but, leur dernières volontés dans un dernier tome qui s'annonce d'ore et déjà grandiose.
Duke est un personnage définitivement perdu, irrécupérable, "born to kill", qui a du mal a assumer ce qu'il est et semble chercher la rédemption à travers les promesses (?) faites à Peg. L'ouest est sauvage, violent, il n'y a plus de place pour les bons sentiments. Fini les couleurs flamboyantes des paysages du début de la série, place à une atmosphère bien plus sombre, y compris dans les dessins. Yves H tient enfin un scénario bien maitrisé et abouti. Et je continue à prendre un très grand plaisir à cette série, qui rachète largement le fiasco des derniers Jeremiah. Hermann is alive !