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T out juste auréolé de sa médaille d'or pour le marathon aux Jeux Olympiques de 1956, Alain Mimoun savoure. Invité au palais de l'Elysée par le président René Coty il en profite pour rendre hommage à un sportif oublié, Boughera El Ouafi. En plus de partager les mêmes origines algériennes, lui aussi est monté sur la plus haute marche du podium aux J.O. C'était en 1928, à Amsterdam. Dans la voiture qui le ramène chez lui, El Ouafi repense à sa vie semée d'embûches et son drôle de parcours...

Après un web-documentaire d'Arte (fin 2018) et un roman de Fabrice Colin (2019 aux éditions Anamosa) ce sont deux journalistes, Paul Carcenac (Le Figaro) et Pierre-Roland Saint-Dizier (rédac chef d'Albi Mag) qui remettent en lumière l'un des sportifs français oubliés à la vie hors du commun. Pour ce faire, Christophe Girard (L'affaire Zola, Virginia Hill, Métropolis) qui se charge de la partie graphique. Racontant de manière chronologique la riche biographie du natif de Ouled Djellal, petit village d'Algérie, en 1898.

Gardien de chèvres, mobilisé comme tirailleur lors de la Grande Guerre avant d'être ouvrier chez Renault et athlète de haut niveau puis de traverser l'Atlantique pour s'y produire en tant qu'artiste de cirque et enfin revenir en région parisienne, toutes les étapes de sa vie sont narrées, romancées au besoin. Après une première partie rapidement prenante, grâce au trait expressif du dessinateur et une fluidité flagrante, l'histoire s'essouffle quelque peu. Usant de plusieurs ellipses, qui rendent l'immersion moins aisée, les auteurs semblent manquer de place pour détailler le déclin du coureur. Certes, son épopée américaine est bien décrite et, avec elle la répétitivité et la futilité de l'entreprise, mais il manque un petit quelque chose - dans ses relations aux autres peut-être - pour s'attacher pleinement à son sort. Pourtant, les évènements ne l'épargnent pas mais le désarroi causé par son exclusion du comité olympique ou par l'arnaque dont il est victime apparaît moins marquant. Même si cela n'altère pas l'impression d'ensemble, le grand gâchis de sa vie et une fin qu'il ne méritait pas auraient pu avoir plus de force.

Malgré quelques défauts, L'Or d'El Ouafi se lit d'une traite tant la vie de son héros fût incroyable. Christophe Girard, Pierre-Roland Saint-Dizier et Paul Carcenac rendent avec cet album un bel hommage à un sportif hors normes au destin tragique.

Par M. Moubariki
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

L'or d'El Ouafi

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