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andis que Birdy Jones Carter noie son spleen dans l’alcool en essayant d'oublier son saxo, Edward Renard, barman à la jolie moustache, cherche à retrouver les bribes de mémoire qui lui échappent trop souvent. Hélas, la destruction du vieux carré, quartier historique de New Story City, ne va pas leur laisser le temps de discuter. Pour retaper le serveur amoché, le saxophoniste l'emmène chez son ex, Lady Taylor. La belle et sa fille mettent toute leur énergie pour continuer à faire vivre leur radio pirate face à One FM, la fréquence de l’hégémonique et richissime maire.
Après le récit court Antigone (aux éditions Goater) et ses participations à divers projet - revue (La Vilaine), album collectif (Mémoires de Quartiers chez Vide Cocagne) ou Livre-CD avec COSMO (Les garçons vachers et la légende des verts pâturages) - Jop. propose un copieux album avec Jazzman. Aventure aux allures de dystopie dans laquelle l'auteur déclare son amour aux musiques noires américaines, cette parution est également l'occasion de découvrir le talent d'un jeune auteur.
Avec un tel pitch, le public aurait pu s’attendre à une histoire loufoque doublée d'un propos obscur mais il n’en est rien. Que ce soit graphiquement ou dans l’agencement de sa trame, l’auteur fait preuve d’une belle maîtrise. Une mise en scène assurée, regorgeant de cadrages variés, un découpage inventif et une utilisation judicieuse des ellipses rendent la découverte de chaque planche très plaisante. Quant à l’intrigue, même si elle paraît par moments un peu décousue, elle devient rapidement entraînante. Découpée en courts chapitres dont les titres empruntent aux répertoires des plus grands, de Louis Amstrong à Nina Simone en passant par Miles Davis, Calypso Rose, Kendrick Lamar ou Ella Fiztgerald (!), elle mêle avec malice réel et fantastique sur fond de dystopie. L’artiste joue de ses multiples influences, autant musicales que graphiques, pour rythmer son récit tout en lui donnant des ambiances qui charment des premières cases à l'(heureux) épilogue.
Ce Jazzman déroute autant qu'il envoûte. Un album qui donne envie d'écouter de vieux classiques en se régalant de l’énergie et de la beauté du style de Jop. Joli boulot maestro !
Une évocation de l'âge d'or des clubs de jazz de New York, à la fois désenchantée et drôle. L'auteur brouille avec subtilité toutes les pistes : l'action se passe à New Story City, dont le maire est un certain Scrump, qui manipule les foules du haut de sa tour et veux détruire les vieux quartiers. La jeune Billie, au look très contemporain, croise la route de personnages du passé, évoquant de grands anciens tels que Charlie Parker, Nina Simone ou Screamin' Jay Hawkins.
J'ai également bien aimé les dessins plutôt dépouillés, un peu dans le style de Pierre-Henri Gomont. Une BD très rythmée !