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ui ne connaît pas encore l'histoire des mutins du Bounty ? Depuis le roman de Richard Hough, Captain Bligh and Mr Christian, cette histoire vraie a été transposée au cinéma en 1984 dans le superbe film de Roger Donaldson et elle fut aussi, à de multiples reprises, adaptée en bande dessinée. La mutinerie contre le lieutenant William Bligh sur le HMS Bounty a une dimension épique et dramatique indéniable. Mais, qu'arrive-t-il aux mutins par la suite ? C'est à cette question que Stéphane Blanco et Marc Carto Turon tentent de répondre dans Pitcairn, les quatre femmes d'Adams.
Après avoir quitté les îles Marquises, les HMS Briton et Tagus naviguent dans le Pacifique Sud. Une vigie annonce une terre en vue. Le capitaine Staines décide alors de se ravitailler en eau sur celle-ci, qui n'est autre que l'île de Pitcairn. Il y envoie quelques hommes dirigés par le capitaine Pipon. Ces marins parviennent à y accoster en chaloupe après quelques péripéties. Par la suite, ils découvrent un village, mené par la cheffe Maimiti, alors que l'endroit est censé être vide. Ces habitants auraient-ils un lien avec les mutins du Bounty ?
Aventure et enquête sont les maîtres mots de cet excellent album de cent-trente pages ! Le récit se déroule une vingtaine d'années après les évènements relatés dans le Bounty. Ce laps de temps permet de poser une ambiance intéressante. Les lecteurs verront que la Navy n'a en rien pardonné cet affront aux règles et qu'elle cherche à châtier les révoltés. Le scénariste a opté pour une démarche pertinente, celle du duo d'enquêteurs, à l'instar des polars anglais. Le tandem good cop/bad cop mène ses investigations, l'un sur l'île, l'autre en restant en retrait. Les rencontres régulières entre Maimiti et l'un des deux marins lèvent progressivement le voile sur ce qui s'est passé à Pitcairn dont certains drames qu'a vécu la communauté qui s'y est établie. Cela donne un rythme intéressant à l'album, qui alterne le présent de 1814 et les flash-back des évènements passés, en fonction des bribes de révélations. Jusqu'à la fin les lecteurs sont tenus en haleine. Le mélange énigme, humour et tension est subtil. Stéphane Blanco maitrise son sujet à la perfection.
Marc Curto Turon a du talent et gagne en puissance sur l'album. Ses planches ne sont pas dessinées mais peintes. Autant dire que les illustrations maritimes en pleine page constituent un pur ravissement pour les amateurs. Les autres planches optent pour une découpage tantôt classique, tantôt plus ambitieux. Le seul petit bémol réside dans les expressions du visage qui sont parfois statiques, en particulier chez les femmes. Toutefois, le sens de la composition est d'une redoutable efficacité et sert admirablement le scénario.
Mêlant fiction et réalité historique, puisque la grande majorité des habitants descendent bien des neuf mutins du HMS Bounty et de leurs Tahitiennes (mais l'île devient britannique qu'en 1838), cette aventure est un agréable récit servi par un style graphique appréciable.
C'est incroyable qu'il peut y avoir des BD qui sortent pratiquement en même temps sur le même thème. L'île de Pitcairn fait en effet l'objet d'une série depuis peu par le franco- britannique Mark Eacersall. Cette fois-ci, c'est un one-shot sur les révoltés du Bounty.
En 1814, quand les autorités maritimes britanniques découvrent cette île du Pacifique, elle est déjà peuplée mais uniquement par des femmes et des enfants mélanésiens avec une église au centre d'un village. On se demande alors où sont passés les hommes et surtout qui étaient 'ils ?
On va vite le savoir car ils se sont entre-tuées comme des bêtes pour une histoire de possession et surtout de femmes. C'est assez malheureux de survivre à une mutinerie, d'être les mutins les plus recherchés au monde et terminer aussi misérablement.
Même Flechter est mort en 1793 en essayant de découvrir une autre île (Hendersen) au large de Pitcain. La mer a englouti tous ses espoirs. S'il avait su qu'il n'y avait de toute façon pas d'eau potable dans cette île.
J'ai bien aimé le fait que la capitainerie britannique va faire preuve d'humanité envers les derniers rescapés. On est loin de l'image d’Épinal qui leur colle à la peau.
J'ai plutôt bien aimé malgré un graphisme à l'approche assez difficile. Par ailleurs, le traitement du scénario est totalement différent de la série « Pitcain » que j'ai lu et avisé en début d'année. C'est toujours intéressant de découvrir une nouvelle version avec une approche différente.
Album découvert par hasard, lors d'une dédicace chez un de mes libraires préférés. Bien m'en a pris car je me suis régalé à la lecture de cet album qui pourrait être un peu "confidentiel", ce serait dommage.
Je partage en tous points l'avis du chroniqueur, notamment sur le juste mélange récit historique/fiction, et la qualité de la peinture qui ne m'a jamais lassé tout au long de ce long (128pages!) album. Et comme je n'ai pas son talent, j'en resterai là dans mon avis, mais je terminerai avec ce conseil :
Foncez l'acheter et régalez-vous!!!