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aris, 1903. En ce début de XXe siècle, la Capitale connaît un mini-âge d’or qui sera connu plus tard sous le nom de Belle Époque. Dans la réalité, c’est une ville qui peine à se sortir du XIXe siècle, il y a des chantiers partout – celui des lignes de métro tout particulièrement -, la société est divisée comme jamais et l’insécurité règne en maîtresse dès que le soleil se couche et que les Apaches sortent de la Zone… Heureusement, jusqu’à présent la police arrive à maintenir un semblant d’équilibre. Une série de meurtres affreux vient bouleverser la situation. Des bourgeois et des élus sont exécutés dans des attentats de grandes ampleurs. Certains pensent aux anarchistes, d’autres à une bande spécialisée… Pour l’inspecteur Gosselin, les indices ne pointent pas dans cette direction, il doit plutôt s’agir d’une sorte de vengeance. Pourquoi ? Comment ? Sa théorie ne convainc pas sa hiérarchie qui préfère voir là l’œuvre de criminels simplement plus audacieux qu’à l’habitude.
Avec L’enfer pour Aube, c’est sous l’égide de Victor Hugo que Philippe Pelaez et Tiburce Oger proposent un polar noir tout en ambiance. Cette fiction ultra-documentée (cf. le dossier en fin d’ouvrage) mettant en scène une Ville lumière charbonneuse a été construite à partir d’une foule d’anecdotes historiques plus ou moins réarrangées. Si l’heure de Fantomas n’est pas encore arrivée et que Rocambole est déjà sorti des mémoires, les fantômes de La Commune pourraient bien en profiter. Piochant autant dans les romans populaires que dans la littérature sociale (Zola n’est pas loin), le scénariste a habillé une intrigue policière classique d’une multitude de couches narratives percutantes et inspirées. Le résultat est riche, dense et habité. Certes, il n’évite pas quelques poncifs ici ou là et s’autorise une ou deux facilités afin de faire avancer les choses. Pour autant, c’est de bonne guerre. SF, aventure ou enquête, dans tous les genres, il y a des passages obligés et des codes à suivre.
Buffalo Runner, Ghost Kid et le récent tour de force Go West Young Man, tout le monde pensait que Tiburce Oger était passé à l’Ouest. C’était une ruse (de Sioux). En fait, il cachait son jeu et sa recréation du Paris 1900 prouve qu’il est encore bien attaché à la vieille Europe. Plus proche d’un Tardi période Cri du peuple que des frères Stalner de Fabien M, sa vision de la ville est sombre et sévère. Les avenues et les ruelles grouillent de vie, mais aussi de vermines. Le dessinateur ne fait pas dans le léché ou le joli. Il préfère le vivant et le puant. Les pavés sont glissants, les ordures grasses et les hommes au bord de la rupture. Pour autant, tous les détails (décors, costumes, véhicules) sonnent juste jusqu’au dernier boulon ou revers de veston. Le tout est enrobé d’un lavis grisonnant et de quelques traînées rouge sang renforçant admirablement l’atmosphère délétère de ce véritable thriller.
Lecture immersive et prenante, L’enfer pour Aube allie une écriture inspirée totalement actuelle à une réalisation graphique de haut vol. Une très belle surprise, suite et fin dans le second tome.
Il faut savoir que le titre est tiré d'un poème de Victor Hugo, l'un des plus importants écrivains de langue française. On se situe au début du XXème siècle en pleine transformation de société.
Quelqu'un élimine un à un les notables de la ville en laissant toujours un Louis d'or pour règlement de compte. Cela ne suffit pas à la police qui le pourchasse afin de découvrir son identité. Nous sommes en effet embarqués dans une affaire policière assez haletante. De nombreux flash-back viendront amener quelques indices à ce mystère.
Derrière cette affaire, il y a le ressentiment du bas peuple parisien qui vit dans des abris de fortune pendant que la capitale se développe au gré de l'industrialisation profitant au petit bourgeois.
Il est question de l'esprit de la Commune qui a été vaincu à coup de mitraille par le bon Monsieur Thiers et ses versaillais. Ceux qui ont participé à ce massacre sans nom doivent payer de leur vie près de 30 ans après. On accuse les Apaches mais c'est quelqu'un d'autre qui est à l’origine de cette vendetta.
Inutile de préciser que j'adore le dessin de Tiburce Oger qui fait des merveilles dans ce Paris un peu apache. Le découpage est absolument dans une maîtrise quasi-parfaite pour notre plus grand plaisir de lecture.
J'ai beaucoup aimé ce diptyque qui est basé sur un contexte historique réel comme le prouve les articles de journaux en fin d'album pour étayer les propos des auteurs. C'est un excellent travail qui a été mené pour nous faire découvrir une autre facette du Paris de 1900.
Premier album d'un diptyque pour une histoire qui se situe dans les années 1900 et la construction du Métro parisien.
Une histoire qui va mêlée une évocation de la Commune avec une intrigue policière.
L’intrigue pose au fur et à mesure du développement les éléments qui se situent des années 1900 à un passé situé lors de la Commune.
Dans ce premier opus sont présentés les principaux personnages qui œuvrent dans cette première partie et qui seront dans le deuxième opus dont un policier toxicomane, des saltimbanques bretons , le peuple de paris et des bretons fuyant la misère.
Un premier album qui donne belle envie de connaître la suite et porté par un scenario de P. Pelaez bien construit et des planches et des dessins de T. Oger donnant force à celui-ci.
Dans un Paris du début du XXe siècle, l’intrigue s’articule autour de la lutte des classes et d’une histoire de revanche suite à des événements s’étant déroulés lors de la Commune. Les points forts se trouvent dans le dessin de très belle facture (quoi qu’un peu dense), l’histoire intense et le style narratif. L’Enfer pour Aube présente tous les critères d’une œuvre travaillée et bien construite, mais attention, il s’agit d’une bande dessinée à lire avec un certain niveau de concentration.
Bon Album à lire. Un peu dense visuellement, Je me suis sentis perdu sur certaines cases voire planches ou j'ai du repasser pour bien percevoir les protagonistes.
L'histoire est cependant chouette, quoi que le dénouement de ce premier tome ne nous surprend pas car, je trouve qu'on le voit arriver.
Cependant, c'est un livre que j'aime beaucoup car il me rappelle dans une certaine mesure "Les Rivières du passé" sur un fond de "Les damnés de la Commune".
Je trouve aussi que visuellement, cette histoire est à la croisée de ces 2 ambiances graphiques.
Bref c'est chouette, c'est dynamique, c'est parfois dense, mais c'est intéressant et sur une période de l'histoire de France qui est politiquement bien intéressant!
Une excellente première partie qui nous emmène au cœur d'un Paris dangereux où règne l'insécurité.
Le contexte politique sur fond de guerre apporte de la dramaturgie et de la complexité.
Il y a quand même un bon nombre d'informations à noter, ce qui nécessite une seconde lecture, d'autant plus qu'il y a de nombreux personnages qui se ressemblent tous un peu.
J'ai adoré la colorisation en bichromie avec la seule présence de la couleur rouge au milieu de nuances de noirs, de blanc et de gris.
Cela permet de fixer à chaque fois l'œil du lecteur sur l'essentiel.
Le rythme est correct et les rebondissements permettent d'apporter le suspens nécessaire pour attendre la sortie de la seconde partie.