V
irginie, 1781. Soldat engagé dans les troupes révolutionnaires américaines, Nathan Prius combat les Anglais pour la liberté. Rare instruit de sa compagnie, il écrit des comptes-rendus que publie Georges Ellis dans son journal, le Richmond News. Ce qu’ignore Nathan, c’est que son éditeur penche plutôt vers les Rouges et qu’il s’approprie et modifie sans vergogne les textes qu'il lui envoit. Dès son retour, une brouille se transformant en haine féroce s’engage entre les deux adversaires, cette rivalité de tous les instants va perdurer et s’amplifier au cours des décennies suivantes.
Double sujet historique passionnant et rarement visité en bande dessinée, deux personnages forts, le tout se déroulant dans le creuset de la démocratie moderne, Patrice Ordas avait tous les éléments nécessaires pour un roman graphique prenant et percutant, voire une saga au long court. Manque de place ou éditeur frileux ? Le journal se résume finalement à un tome solitaire à la narration alambiquée et étriquée au possible. La déception est d'autant plus grande pour le lecteur qui, à la place d’un récit tendu et riche en péripéties, se retrouve à essayer de suivre un fil narratif haché fait d’ellipses temporelles malheureuses et de caractères à peine définis. Les grandes lignes restent néanmoins compréhensibles et l’affrontement entre les deux protagonistes principaux fait froid dans le dos. Cependant, l’impression qui ressort de ces pages est plus celle d’un résumé très resserré que d’une œuvre totalement aboutie.
Dessinateur au style classique, Philippe Tarral illustre cette tranche de l’histoire américaine avec talent et envie. Trait réaliste rappelant Warnauts et Raives, voire Hermann, mise en couleurs riches et enveloppantes, il rend une copie agréable, malgré quelques hésitations au niveau des visages et des attitudes. La reconstitution visuelle (décors, costumes) se montre également au point et particulièrement vivante.
Certaines séries s’enlisent à force d’albums répétitifs. À l’inverse, d'autres titres auraient tout à gagner à se développer davantage, Le journal fait partie de ceux-ci. C’est d’autant plus malheureux que cette intrigue basée sur la maîtrise de l’information, les fake news et des hommes de pouvoir reste encore pleinement d’actualité.
Avis très partagé. Dès le départ (planche 4) une erreur grossière avec un drapeau américain comprenant plus d'étoiles qu'il n'y en avait au départ (13), ce qui, pour une BD à caractère historique, est quelque peu gênant. Un dessin avec beaucoup d'impression (voire d'erreur ?), avec en particulier le personnage principal, dont le visage varie d'une case à l'autre (particulièrement page 32) et la personnalité, ainsi que les motivations, peu charpentée.