L
’acte insensé de Tantale a bouleversé les dieux de l’Olympe auxquels il a offert son propre fils à manger. Puni, l’impie a été précipité dans le Tartare, lieu le plus sombre des Enfers. Le malheureux Pélops s’y trouve également. Indignée par le sort de l’innocent et l’ayant promis à la mère de celui-ci, Fenyx, une des filles de Zeus, a décidé de se rendre dans le royaume d’Hadès pour en arracher le petit défunt. Accompagnée du chien-automate forgé par Héphaïstos et munie d’une lyre offerte par Apollon, la jeune femme pénètre sous terre où l’attendent créatures cauchemardesques et pièges infernaux, tandis que le temps joue contre elle, inexorablement.
À l’origine de L’Odyssée de Fenyx, il y a Immortals Fenyx rising, un jeu vidéo développé par le studio Ubisoft et sorti en 2020 sur différentes consoles. Il s’agit ici d’une nouvelle incursion dans le monde de la bande dessinée pour le concepteur et éditeur, puisque son célèbre Assassin’s creed a déjà connu plusieurs déclinaisons en BD (notamment celle d’Éric Corbeyran et Djilalli Defali chez Les Deux royaumes). Par ailleurs, les autres exemples ne manquent pas, tant dans le franco-belge, que dans le comics ou le manga. Puis, la mythologie constitue un fabuleux réservoir dans lequel puiser pour imaginer toutes sortes d’aventures épiques, qu’elles se déroulent à travers des cases imprimées sur papier ou sur un écran. Matière malléable, elle permet également des combinaisons d’éléments qui, habilement orchestrées, peuvent donner des histoires trépidantes, tout en ravivant les légendes.
Nykko (Exodus Manhattan, Titoss et Ilda, Les enfants d’ailleurs) semble l’avoir compris. En effet, il reprend la figure principale du jeu originel – en choisissant le mode féminin – qu’il place au cœur d’une quête, intègre de nombreux personnages, lieux et artéfacts faisant partie d’Immortal Fenyx rising, mais y ajouter également quelques autres protagonistes issus des mythes grecs (comme Charon, le passeur d’âges, ou Apollon). La narration est rythmée par l’action, omniprésente et montant en puissance au fur et à mesure que l’héroïne croise de nouveaux adversaires. La réflexion reste portion congrue, la belle rouquine ayant plus urgent à faire. Cependant, cela ne nuit pas vraiment au scénario, d’autant plus que les aides providentielles fleurissent régulièrement (pratique !).
Pour illustrer cette histoire, le scénariste a pu compter sur les graphismes de Looky (Hercule, Shaolin) et Siamh (collectif Méfie-toi d’une femme qui lit) qui ont déjà collaboré sur une adaptation des Misérables (scénario de Maxe L’Hermenier), ainsi que la mise en couleurs de Arif Prianto et de Arancia Studio. L’expressivité du trait, le design du bestiaire légendaire, la dynamique du découpage et des cadrages, ainsi que le rendu des trépassés errant dans les sphères infernales sont plutôt agréables. Quant au choix des teintes, suffisamment franches, il donne vie et consistance à l’ensemble de manière satisfaisante. Cela fait oublier quelques perspectives moins réussies et un côté parfois un peu trop statique.
Sans être grandiose, ce deuxième volet de L'Odyssée de Fenyx constitue un divertissement honnête.
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