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oyaume de France, fin du XVe siècle. La mort de Louis XI annonce une vacance à la tête de l’État. D’un côté, sa fille, Anne de Beaujeu veut s’assurer de la régence en attendant que Charles VIII, l’héritier direct, atteigne sa majorité. De l’autre, Louis d’Orléans se verrait aussi roi, sa position au sein de l’ordre de succession lui donne d’ailleurs des arguments tout à fait recevables. Dans chaque camp, l’heure est aux manigances et aux négociations avec des alliés potentiels. Plus discrets encore, des agents sont envoyés à travers les campagnes afin de fomenter des «incidents» malheureux et provoquer de l’instabilité.
Êtes-vous plutôt Victor Hugo ou Alexandre Dumas ? Ne vous en faites pas, Philippe Pelaez a pensé à tout le monde dans Le bossu de Montfaucon ! Véritable roman historique suivant les règles de l’art, la série recèle tous les éléments exigés par ce genre à la popularité jamais désavouée. Le scénariste joue habilement avec les faits établis en y injectant une bonne dose de fiction et d’action. En prime, il a même le «toupet» de relier son récit au célébrissime Notre de Dame de Paris. Pas gêné, voire un peu gonflé Monsieur Pelaez ? Oui, peut-être, mais il le fait d’une manière si respectueuse et voilée que le résultat ne s’en ressent absolument pas. Par contre, accrochez-vous, la partie n’est pas simple. En effet, Notre-Sœur plonge directement le lecteur au cœur du débat et les acteurs sont nombreux. Merci d’avoir inclus un trombinoscope en début d’ouvrage et un arbre généalogique en conclusion, ces aides s’avèrent indispensables pour suivre les agissements de cette distribution de haut vol. Conciliabules, rencontres secrètes, coups fourrés, cavalcades et mouvements de troupe, le rythme est déjà plus que tendu alors que les héros se mettent sur la piste de documents ultra-sensibles pour la suite des évènements. La petite histoire croise la grande avec fracas et intelligence. Que demander de plus ? La suite évidemment !
Aux pinceaux, Eric Stalner illustre ces aventures avec autorité et générosité. La mise en scène et le découpage sont classiques et le trait réaliste. Heureusement, ce qui aurait pu se révéler lourd ou poussiéreux se montre avant tout énergique et parfaitement dosé. Les amateurs de belles compositions léchées seront ravis par le soin apporté aux architectures. Les personnages sont très bien détaillés et la galerie de trognes impressionnante. Seuls les moments agités marquent le pas, l’explosion de la caraque ou les voltiges façon Marvel de Quasimodo, par exemple, détonnent légèrement. Rien de grave au final, le souffle épique et le sous-texte dramatique prennent immanquablement le dessus, toujours pour le meilleur.
Impossible de bouder son plaisir, ce premier tome du Bossu de Montfaucon possède toutes les qualités attendues de ce type de saga. Romance, vengeance, secrets, violence se fondent avec facilité dans un cadre historique riche invitant à toutes les audaces romanesques.
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