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Mutafukaz 2 1. Leaving D.M.C.

21/02/2022 3120 visiteurs 6.3/10 (3 notes)

L es autorités américaines ont recouvert les événements de Dark Meat City du voile du secret d’État. Sept ans après l’inexplicable, l’absence de transparence, la manipulation de l’opinion par des mouvements contestataires et la montée des inégalités ont engendré la prolifération de fausses informations relayées par des milliers d’inconnus. Chauffée à blanc par l’énigmatique titulaire du compte complotiste Oméga, une bande armée pénètre à l’intérieur d’un sushi-bar. Leur objectif est de libérer les enfants asiatiques prétendument séquestrés en arrière-boutiques des restaurants japonais et dont le sang serait utilisé comme ingrédients de la sauce soja pour ses propriétés rajeunissantes. Un scandale ! Sauf que bien entendu, il n’y a pas de chérubins dans les caves de l’établissement. Aussitôt, les échanges tournent court. Les balles fusent et la tête de la patronne explose comme une pastèque. Problème, Angélino en pinçait pour cette gentille cheffe d’entreprise. Sa nature enfouie refait alors surface et des caméras disposées dans la ruelle enregistrent le carnage. Les fédéraux sont tenus informés de la présence d’un Macho sur le territoire national. Bref, c’est le début de la cavale !

Annoncé l’an dernier, le Label 619 a quitté Roubaix pour la capitale en vue de prendre un nouvel envol chez les éditions Rue de Sèvres. Concrètement et malgré quelques pépites au catalogue, la structure éditoriale d’Ankama est le parent pauvre d’une société qui œuvre davantage dans l’animation, les jeux-vidéo et tous ses produits dérivés. Appartenant au groupe l’École des Loisirs, la maison parisienne se concentre, quant à elle, uniquement sur la réalisation et la diffusion de livres. Pour asseoir ce mercato, deux séries d’importance ont la lourde tache d’ouvrir la voie de cette collaboration : la saga Funérailles de Florent Maudoux s’offre ainsi un septième volume toujours aussi esthétique et l’épisode inaugural de la seconde saison de Mutafukaz - rebaptisé MFK – affiche un melting-pop de contre-culture jouissif et déjanté.

Auteur complet, Run a construit une véritable suite faussement foutraque et réellement structurée. En parallèle de la fuite d’Angélino et de Vinz les entraînant à la rencontre de la faune profonde de la Californie et du Nevada, l’opus Leaving D.M.C présente un éventail d’enjeux politiques. Dès son prologue, le scénario aborde le développement du programme spatial chinois. Celui-ci est contrarié par une mystérieuse explosion lors de son alunissage sur la face cachée de l’astre. Or, si cet univers ne vous est pas étranger, vous savez déjà que « la vérité est ailleurs ». Des entités provenant de l’espace ont récemment été chassées. Mais où ont-elles pu trouver refuge ? Forcément, l’Empire du Milieu doute des déclarations de l’Oncle Sam. Quant à la politique intérieure des États-Unis, le chef de l’opposition s’en prend vertement à l‘occupante de la Maison-Blanche. Ce biais d’écriture permet de dénoncer le rôle pivot des réseaux sociaux dans nos démocraties, le poids des éditorialistes et une somme de contre-vérités diffusées sur les médias d’oligarques. Toute ressemblance, avec le début de la campagne présidentielle en Gauloiserie n’est probablement pas fortuite !

Côté graphisme, le style urbain de l’artiste demeure au creuset du comics, du manga et du franco-belge. Dynamiques, ses planches sont soignées et souvent spectaculaires. L’équilibre des noirs et le jeu des couleurs entretiennent les influences West Coast du projet initial alors que le récit se déporte vers des étendues arides. Par ailleurs, l’illustrateur met en scène « ces deux gars sûrs » dans un camping-car craignos. Hormis, le clin d’œil appuyé à Breaking-Bad, le véhicule permet de glisser des vignettes iconiques bien senties. Il en va de même de l’animation d’une génération de tatoués hyperconnectés et de survivalistes nudistes lourdement armés. En résumé, à l’avenant de ses précédents travaux et servie par un script au potentiel visuel prononcé, la prestation du dessinateur est impeccable.

Un poil manichéen, ce second arc de Mutafukaz condense habilement le meilleur des travers de la société américaine à l’occasion d’une virée explosive !

Par Y. Machado
Moyenne des chroniqueurs
6.3

Informations sur l'album

Mutafukaz 2
1. Leaving D.M.C.

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Note: 3.5/5 (16 votes)

  • RUN
  • RUN
  • 01/2022 (Parution le 26/01/2022)
  • Rue de Sèvres
  • Label 619
  • 9782810202621
  • 135

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L'avis des visiteurs

    Bongoy Le 31/07/2022 à 23:58:12

    Avec Leavind D.M.C. le moins que l'on puisse dire, c'est que RUN ne fait pas dans la nuance. Plus manichéiste que cette BD, ça va être difficile...
    Le gentil gouvernement avec Oprah "Washington" à sa tête (alias Winfrey, grande amie du violeur Harvey Weinstein dans la vraie vie) contre les très méchants complotistes, d'ailleurs encore plus dangereux que les "machos" les ennemis originels de Mutafukaz. C'est surtout cette forte impression qu'il me reste après la lecture.
    La vision politique de RUN est insultante envers tous ceux qui peuvent remettre en question la version officielle de nos autorités. Il réunit sans aucune hésitation dans le même sac à caca toutes les personnes qui oseraient douter des dirigeants et scientifiques si bien intentionnés qu'il nous décrit dans sa BD. Ils sont placés d'office avec tous les timbrés qu'il peut trouver pour discréditer l'opposition. Et il racle bien le fond...
    Ne cherchez aucune argumentation, hormis celle d'autorité de l'auteur. Ici, le doute de Descartes n'est pas permis, finie la philosophie. Il n'y règne uniquement qu'une succession de moquerie page après page.
    Lorsque on ose douter de nos magnifiques médias subventionnés si bien intentionnés et si indépendants, forcément c'est qu'on rallie le grand méchant Archie "Krupp" (symbolisant Trump) alias le diable incarné. Et ceux qui oseraient suivre le gus, sont soit d'immondes tarés, voire pire des meurtriers pour ne pas dire terroristes. Quel sens de la mesure...
    Beaucoup de retenue par contre pour les marionnettes de nos gouvernements financées par les lobbies et les banques mais pardon je dois être complotiste, la corruption et l'ignominie, il ne faut les voir que chez "Krupp".
    Encore mieux, quand nos dirigeants nous mentent (alias la sainte Oprah) c'est seulement dans le but bien intentionné de nous protéger. La BD crache sur les religions et glorifie la science pourtant je crois que plus croyante que cette vision et moins cartésienne, c'est introuvable. Les fakes news n'existeraient que d'un côté, quand c'est de l'autre, ce serait pour notre bien, heureux de l'apprendre. Vive le syndrome du larbin.
    Bref plus manichéiste, tu meurs car même avec la meilleure volonté, on n'aurait pas pu mieux faire niveau propagande. J'espère au moins pour lui que c'était pour une commande même si j'en doute fortement tellement le gars fait le taf.
    Car franchement difficile de parler du scénario (proche du niveau zéro) quand on ressent tellement cette lourdeur. Même les dessins sont pris à partie. Les pro-Krupp ont les yeux exorbités de folie ou de sang mais les journalistes système sont tout mignonnets. Tout y passe sauf évidemment la critique des vrais puissants. Pour RUN dénigrer les gens du peuple est certainement moins dérangeant. En gros du bon binaire bien lourd sans aucune réflexion poussée.
    Si vous êtes maso, essayez et commentez car je serais curieux d'avoir d'autres avis de lecteurs. Car contrairement à l'auteur et à Twitter, ;) moi j'aime la diversité d'opinions quand on la laisse s'exprimer. Et je suis fermement opposé à tous les clivages.
    Mais perso, il est vraiment difficile de déceler autre chose dans cette histoire que de l'insulte gratuite glissée sur ton condescendant envers toutes les autres formes de pensée divergentes avec celle de la pensée unique actuelle.