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ien ne va pour Konosuke. Samouraï de son état, il ne trouve pas d’emploi et reste désargenté. Mais qui voudrait de ses services ? Avec son allure négligée et son sabre en bambou, il n’inspire que rires et rebuffades. À dire vrai, il souffre d’un sérieux handicap pour un guerrier : il est incapable de toucher un morceau de métal sans le déformer. Difficile, dès lors, de mourir par le fer pour sauvegarder son honneur. Ainsi, comment croire que quiconque voudrait l’épouser ? Pourtant, la ravissante Tsuki le demande en mariage et s’installe à demeure. Pourquoi l’a-telle choisi, lui, le loser ? Konosuke s’interroge, sans avoir que des épreuves l’attendent qui les mettront en péril, sa jeune épouse et lui.
Daruma Matsuura s’est fait connaître des mangavores grâce au thriller fantastique Kasane, la voleuse de visage, dont les quatorze volumes sont parus chez Ki-oon. L’éditeur vient de publier le premier tome de la nouvelle série de l’autrice, La danse du Soleil et de la Lune. Cet album inscrit l’histoire dans un univers médiéval où la magie s’invite progressivement. Le chapitre initial pose efficacement le postulat de départ, en campant le personnage principal, montrant la malédiction dont il est atteint et introduisant l’élément qui va venir bouleverser la donne. Appâtés et curieux, les lecteurs assistent ensuite au rapprochement du couple, plongent dans le passé du malheureux samouraï, suivent les péripéties qui vont lui permettre d’accepter sa condition. L’action alterne alors avec des moments plus intimes, entre introspection et partage. Puis, dans le dernier tiers, alors que la situation semble stabilisée, la mangaka relance le récit et l’intérêt, qu’elle avait jusqu’ici maintenu en distillant quelques propos allusifs. L’apparition d’un protagoniste doté de pouvoirs permet d’intégrer pleinement la dimension merveilleuse restée en retrait, en dehors de la faculté du héros à recourber tout objet métallique au moindre contact. De même, le mystère autour de ses intentions et son affiliation à une entité secrète épaississent l’intrigue, tout en donnant furieusement envie d’en apprendre davantage.
En plus d’une narration menée adroitement, ce manga se démarque par un dessin à la fois plaisant et bien léché. En effet, le trait affiné et semi-réaliste de Daruma Matsuura restitue de manière convaincante les états d’âmes des personnages, ainsi que leur évolution. À un Konosuke dépenaillé et dépressif répond une Tsuki apprêtée et raffinée. Le reste de la galerie est également bien caractérisée. Par ailleurs, la variété des plans et des cadrages, ainsi que le découpage soigné assurent un bon dynamisme d’ensemble. Celui-ci est aussi renforcé par le rendu plutôt fluide des scènes de combat.
Grâce à ce volume, La danse du Soleil et de la Lune s’ouvre de manière très prometteuse et addictive. Vivement le prochain tome !
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